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Animaux en danger : especes emblematiques

30 Janvier 2020

(Photo : Tigre de Sibérie © Thomas PIERRE)

Essentielle à notre vie sur Terre, la biodiversité se trouve aujourd’hui menacée. De plus en plus d’animaux sauvages sont en voie de disparition et la population des vertébrés sauvages a par exemple chuté de 60% depuis les années 70. Les animaux en voie d’extinction sont menacés par une multitude de périls d’origine humaine (destruction de l’habitat, pollution, surexploitation des espèces et espèces invasives) auxquels vient s’ajouter le réchauffement global résultant lui aussi en grande partie des activités humaines et qui modifie et détraque le climat de façon chaotique partout sur la planète. Lors de la disparition d’une espèce, c’est l’intégralité d’un écosystème qui est altérée avec parfois des conséquences irréversibles. Anigaïdo vous propose une série de plusieurs articles pour mieux comprendre le sujet complexe de la préservation des espèces menacées.

Dans cette première partie nous vous proposons un zoom sur quelques espèces animales emblématiques de cette lutte pour leur survie : du gorille au lynx, des tortues marines à l’éléphant, quelle est la situation de ces espèces fascinantes en terme de conservation ?

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LA LISTE ROUGE DES ESPECES MENACEES

(Photo : Pleurodèle de Waltl © Pierre-François BOUCHER ; les amphibiens comme ce grand triton espagnol sont aujourd'hui parmi les animaux les plus menacés dans le monde)

L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) est une organisation non gouvernementale qui fait consensus en matière de conservation des espèces. Groupement  mondial qui fédère plus de 1.300 membres (ONG, agences gouvernementales, groupements de peuples autochtones, institutions scientifiques, entreprises, etc.), elle s’appuie sur un réseau de 15.000 experts qui travaillent activement à travers le monde pour la conservation de la nature. L’UICN établit notamment la liste rouge des espèces menacées qui sert de référence aux actions de lutte pour la préservation de la biodiversité. Après des campagnes d’études et recensement des populations sauvages sur leurs aires de répartition, elle établit un statut pour les espèces étudiées, qui va de ‘En danger critique d’extinction’ (‘CR’) (où l’on estime que la probabilité de disparition de l’espèce est supérieure à 50 % sur 5 ans) à ‘Vulnérable’ (‘VU’) pour une espèce dont la probabilité de disparition est estimée à 10 % sur 100 ans. Selon l'UICN, plus de 30.000 espèces animales et végétales sont aujourd'hui directement menacées d'extinction à travers le monde, soit 27% de l'ensemble des espèces qu'elle a étudiées et pour lesquelles l’organisation a pu mener un travail de recensement. Parmi ces espèces en grand danger on dénombre 4 espèces sur 10 d’amphibiens étudiées par l’organisation, 1 espèce de mammifère sur 4, 1/3 des espèces de conifères et de coraux, 14% des espèces d’oiseaux évaluées ou encore 30% des espèces de requins et raies.

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LE TIGRE

(Photo : Tigre blanc © Thomas PIERRE – les tigres blancs, aux yeux bleus et à la robe blanc cassé, ne sont pas une sous-espèce de tigre mais des individus ayant connu une mutation génétique transmise par les parents porteurs du gène)

Alors qu’ils étaient encore 100.000 individus cent ans auparavant, il ne restait en 2010 qu’environ 3.200 tigres vivant dans leur milieu naturel. Sur 9 sous-espèces de tigre, 3 ont déjà complétement disparu : le tigre de Java dans les années 1980, le tigre de Bali en 1937 et le tigre de la Caspienne qu’on trouvait dans le Sud du Caucase et déclaré éteint en 1972. Braconnage et chasse au trophée, conflits avec l’homme sur ses aires de répartition et disparition et destruction de son habitat ont été les principales causes de la régression du tigre. Malgré son statut d'espèce protégée et les efforts de conservation engagés par certaines nations comme la Russie (pour sauver son tigre de l'Amour, le tigre de Sibérie, qui compterait aujourd'hui plus de 550 individus sauvages), le tigre demeure aujourd’hui un animal en danger menacé par le braconnage, la perte de son habitat et de vils trafics pour sa peau, sa viande ou... ses os ! En Chine, 5.000 à 6.000 tigres (soit presque le double de la population sauvage totale de l'espèce) vivraient en captivité dans des fermes où l'on fabrique du 'vin de tigre' à partir des ossements de leurs carcasses. 

Citons le leadership de l’Inde en matière de conservation de ce fantastique félin. Grâce à une politique volontariste de son  gouvernement dès les années 70 (le Projet Tigre et la création de 50 réserves dédiées), le pays concentre aujourd’hui 60% de la population totale des tigres sauvages alors que dans le même temps la population humaine du pays a quasiment triplé sur la période.

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LE GORILLE

(Photo : Gorille © Thomas PIERRE)

Malgré sa force, sa carrure impressionnante et sa grande intelligence, le gorille, grand singe de la famille des hominidés, fait partie des animaux en voie de disparition. Animal emblématique popularisé par les travaux de la primatologue Dian FOSSEY dans les années 70-80, il est uniquement présent dans les forêts pluvieuses d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Parce qu’il vit dans des zones sensibles où la pression humaine s’accroît (déforestation, agriculture, exploitation des sous-sols de son habitat riches en pétroles et minerais précieux, braconnage, zones de conflits, etc.) la menace d’extinction de ce doux géant est bien réelle avec toutefois une situation qui varie selon l’espèce et la sous-espèce considérées. Le gorille des Plaines de l’Ouest (sous-espèce Gorilla gorilla gorilla), dont la population se répartit entre Gabon, Congo, Cameroun, Guinée Equatoriale, République Démocratique du Congo et République centrafricaine, est considéré comme espèce ‘En Danger Critique d’Extinction’. D’après une estimation de l’UICN de fin 2018 on compterait 316.000 individus vivant à l’état sauvage mais avec un déclin rapide de ces populations. Pour le gorille de la Rivière Cross (sous-espèce Gorilla gorilla diehli), ce sont seulement 250 à 300 individus qui vivraient sur un petit territoire boisé à cheval entre le Cameroun et le Nigeria et fortement dépendants de corridors forestiers voués à disparaître. Le gorille de montagne (sous-espèce Gorilla beringei beringei) a vu ses effectifs progresser de 680 individus à plus de 1.000 gorilles sauvages grâce aux efforts de conservation sur la période 2008-2018, assurant un peu de répit à l’espèce même si la situation sur le terrain reste extrêmement tendue. Quant au gorille de Grauer (sous-espèce Gorilla beringei graueri) endémique de RDC, sa population est tombée à 3.800 individus estimés en 2015 et la situation est problématique pour lui comme nous l’évoquions récemment sur Anigaïdo via le témoignage de Xavier GILIBERT de l’ONG Objectif Brousse.

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LE PANDA GEANT DE CHINE

(Panda géant de Chine © Pierre-François BOUCHER)

S’il est un animal iconique du combat pour la survie des espèces, c’est bien le panda géant de Chine dont le WWF (le fonds mondial pour la nature, une des plus célèbres et des plus importantes ONG mondiales) a fait son symbole ! C’est que sans l’intervention volontariste du gouvernement chinois très impliqué dans la survie de son trésor national, ce paisible ursidé aurait sans doute déjà complètement disparu. On ne trouve le panda géant à l’état sauvage que dans une petite zone morcelée du centre de la Chine où il fréquente les forêts d’altitude de quelques régions montagneuses jusqu’à 3.500 m et où il ne consomme quasi-exclusivement que du bambou. Assez léthargique, se reproduisant mal, soumis à la pression humaine qui via l’agriculture morcelle son territoire et isole les animaux, il est également menacé par la disparition du bambou, sa source de nourriture principale. Le gouvernement chinois a créé des centres pour favoriser la reproduction du panda et assurer la survie de l’espèce, programmes auxquels sont également associés quelques parcs zoologiques de par le monde, tout en assurant également des actions de protection efficaces sur zone (agrandissement des réserves, création de corridors naturels, patrouilles) avec le concours d’ONG dont évidemment le WWF. La population sauvage est estimée aujourd’hui à environ 1.800 individus soit 700 pandas de plus que dans les années 1980, une bonne nouvelle pour cette espèce symbole dont le statut sur la liste rouge des espèces menacées a été révisé de ‘En danger’ à ‘Vulnérable’ grâce aux efforts engagés.

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LE RHINOCEROS

(Photo : Rhinocéros blanc © Pierre-François BOUCHER)

Largement répandus sur les continents africains et asiatiques jusqu’au milieu du 19ème siècle, les rhinocéros sont aujourd’hui menacés de disparition. En effet, leur corne est si convoitée qu’elle se revendrait de manière illégale à un prix supérieur à celui de l’or ! La médecine traditionnelle asiatique prête à la corne du rhinocéros réduite en poudre de multiples vertus, un remède miracle à toutes sortes de maux allant de la simple fièvre au cancer.

Le braconnage et la disparition de leur habitat naturel sont les principales menaces qui pèsent sur les cinq espèces de rhinocéros. Leurs statuts en tant qu’espèces varient de ‘Quasi-menacé’ pour le rhinocéros blanc africain (25.000 individus avec une population en croissance – même si la sous-espèce de rhinocéros blanc du Nord (Ceratotherium simum cottoni) a disparu à l’état sauvage) et ‘Vulnérable’ pour le rhinocéros unicorne indien (2.200 individus à l’état sauvage, en augmentation) à ‘En danger critique d’extinction’ pour le rhinocéros noir (un peu moins de 5.000 individus à l’état sauvage), le rhinocéros de Sumatra (une centaine d’individus à l’état sauvage) et le rhinocéros de Java (40 à 100 individus à l’état sauvage).

Des efforts importants en matière de conservation sont menés pour tenter de protéger et sauver ces formidables animaux, parfois avec succès comme l’illustre l’augmentation du nombre des rhinocéros blancs et des rhinocéros indiens, parfois aussi malheureusement de manière désespérée dans le cas des rhinocéros de Java et Sumatra qui supportent mal la captivité et dont les quelques individus survivants vivent en solitaires cachés dans les jungles de leurs îles respectives, un isolement qui les protège des hommes mais hypothèque les chances de survie de leur espèce. Au sujet des rhinocéros, n’hésitez pas à lire l'article complet que nous leur avons consacré sur Anigaïdo.

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LES TORTUES MARINES

(Photo : Tortue marine - Pixabay CC0)

Les tortues du mer vivent dans les mers et océans de la planète depuis 200 Millions d’années et ont survécu à l’extinction de masse de la fin du Crétacé. Aujourd’hui six des sept espèces de tortues marines sont pourtant maintenant menacées et le statut de la dernière, la tortue à dos plat, demeure inconnu par manque de données. Si la tortue luth, la tortue de Ridley (aussi appelée tortue olivâtre) et la caouanne sont des espèces aujourd’hui vulnérables, la tortue verte a le statut d’espèce ‘En danger’ et la tortue imbriquée (dont la chair est consommée en Chine et au Japon et les écailles utilisées dans la médecine traditionnelle orientale) et la tortue de Kemp sont quant à elles considérées comme des espèces en danger critique d’extinction. Les tortues marines sont en effet confrontées à la pollution (débris de filets de pêche dans lesquels elles s’empêtrent, sacs plastiques qu’elles ingèrent en les confondant avec des méduses) mais aussi au braconnage. Elles font également l’objet de prises accidentelles par des bateaux de pêche et leurs œufs sont pillés sur les plages où elles reviennent pondre, plages dont certaines sont menacées par la montée du niveau des océans.

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L’ELEPHANT

(Photo : Troupeau d'éléphants de savane © Florent PUCHOT)

Plus gros animal terrestre actuel, l’éléphant est de nos jours en danger. En effet, en Afrique, la population d’éléphants compte aujourd’hui environ 415.000 individus contre 3 à 5 Millions au début du 20ème siècle selon le WWF. Si l’espèce est considérée comme ‘Vulnérable’ mais que, bonne nouvelle, sa population globale est en augmentation, cette relative abondance pose d’autres problèmes avec des parcs nationaux devenus trop petits pour les pachydermes ce qui entraîne des heurts avec les villages alentour au point que certains pays comme le Botswana envisagent de ré-autoriser la chasse pour réguler les populations. En Afrique, on trouve en réalité deux espèces d’éléphant : l’éléphant de savane, plus massif, et l’éléphant de forêt, identifié comme espèce à part entière en 2001, plus petit et aux défenses plus droites qui vit dans les forêts du centre de l’Afrique. Il a le statut d’espèce ‘En danger’ et on compterait moins de 100.000 individus à l’état sauvage.

En Asie, la situation est encore plus dramatique : l’éléphant est inscrit sur la liste rouge des espèces en danger d’extinction. En 3 générations, la population d’éléphants d’Asie aurait diminué d’au moins 50% : il resterait aujourd’hui moins de 50.000 éléphants d’Asie à l’état sauvage. Cette situation critique est principalement due à la perte de son habitat qui entraîne des heurts parfois mortels avec les villageois comme au Sri Lanka qui compte la plus grosse population d’éléphants du continent avec 6.000 individus. Enfin l’éléphant fait partie de ces espèces durement et historiquement touchées par le braconnage : l’éléphant est en effet très convoité pour sa viande, sa peau mais aussi et surtout pour l’ivoire de ses défenses. Chaque année, entre 20.000 et 30.000 éléphants sont tués par des braconniers pour récupérer leur ivoire.

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LE LYNX

(Photo : Lynx boréal © Thomas PIERRE)

Le plus grand félin d'Europe, le lynx boréal (ou lynx d'Eurasie) est aujourd'hui en danger. En effet, on estime qu'il resterait 9.500 individus en Europe : un nombre qui a fortement chuté au cours des derniers siècles tant le lynx a été traqué voire exterminé. En France où le lynx a été réintroduit dans les années 70 après avoir complètement disparu, il est surtout présent dans le massif du Jura qui concentre la grosse majorité des 150 à 200 individus de sa population sauvage estimée, un effectif faible qui en fait chez nous une espèce ‘En danger'. La première cause de mortalité des lynx est la collision avec une voiture, un camion ou encore un train. Depuis les années 2000, on estime que 4 lynx meurent chaque année à cause des voies de communication dangereuses pour ces animaux. Comme le loup ou l’ours, le lynx fait partie de ces grands prédateurs qui en France entrent aussi en concurrence avec les activités humaines qui se sont développées sur ses habitats de prédilection : concurrence avec les chasseurs parce qu’il chasse les mêmes proies, conflit avec les éleveurs de chèvres et de moutons dont il arrive qu’il attaque les troupeaux. Un cas de braconnage sur le lynx en Janvier 2020 dans la Vallée vosgienne de Thann est encore venu rappeler cette triste réalité alors même que nos voisins allemands (forêt du Palatinat) et italiens (région des Abruzzes) ont une cohabitation plus pacifique avec ces grands prédateurs. Pour les 3 autres espèces de lynx, les situations sont contrastées : de 'Préoccupation mineure' pour le lynx roux (Lynx rufus) et le lynx du Canada (Lynx canadensis) aux populations stables en Amérique du Nord à 'En danger' pour le lynx ibérique ou lynx pardelle (Lynx pardinus) qui compte un peu plus de 150 individus vivant dans quelques zones d'Andalousie en Espagne.

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LA LOUTRE GEANTE

(Photo : Loutre géante © Julien PIERRE)

Surnommée « loup des fleuves » ou encore « tigre de l’eau », la loutre géante est un grand prédateur de la famille des mustélidés au mode de vie semi-aquatique qui vit dans les cours d’eau du bassin amazonien. Déjà proche de l’extinction au siècle dernier, l’espèce est aujourd’hui considérée comme en danger même si il est très difficile de chiffrer précisément sa population sauvage seulement estimée autour de 5.000 individus. Animal protégé mais toujours recherché par les braconniers qui continuent de chasser la loutre géante pour sa peau, elle est  également impactée par la disparition de son habitat au profit de l’agriculture et de l’aquaculture, de la déforestation, de l’extraction minière et de l’asséchement des zones humides ou encore des pollutions industrielles et agricoles qui contaminent les eaux des rivières. Depuis plus de 40 ans, les ONG et les acteurs de la protection de l’environnement luttent pour conserver les espaces d'eau douce dans lesquels évoluent les loutres géantes

L’ORANG-OUTAN

(Vidéo : Orang-outan l'esprit de la forêt - source : Anigaïdo sur Youtube)

L'orang-outan, figure de la rubrique Kids d'Anigaïdo avec notre mascotte le Professeur Laurent, est un animal en danger critique d'extinction. Grand singe roux aux allures de philosophe qui fait aussi partie de notre famille des hominidés, sa population a diminué de manière drastique au cours du siècle dernier et certains spécialistes considèrent même qu'il pourrait disparaître en milieu naturel dans les prochaines décennies si la pression humaine ne se réduit pas considérablement. Parce qu’il est essentiellement arboricole, il est tout particulièrement menacé par l'expansion de la culture de l'huile de palme et le commerce des bois exotiques qui ravagent ses forêts tropicales natales des îles de Bornéo et de Sumatra. Soumis à la destruction et à la fragmentation de son habitat, l'orang-outan est encore parfois encore chassé par l'homme pour sa viande et les bébés orangs-outans sont dans certains cas capturés pour servir d’animaux de compagnie. Grand singe totalement pacifique et très attachant, celui que l’on surnomme ‘l’Homme de la forêt’ (voir notre article Anigaïdo sur l’orang-outan) se reproduit mal, peu et tardivement et l’éducation du petit orang-outan par sa mère est connue pour être une des plus longues du règne animal, la mère éduquant son petit pendant au moins six années. Les dernières estimations se montent à un peu plus de 13.500 orangs-outans de Sumatra, 55.000 individus pour l’espèce de Bornéo et moins de 800 individus pour l’orang-outan de Batang Toru (Pongo tapanuliensis) localisés dans une unique zone de forêt primaire dans le Nord de Sumatra

Crédit article : Nina DHAINAUT, Eva LEVY & Julien PIERRE

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