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Silures et poissons-chats, des poissons pas comme les autres

16 Juin 2020

(Photo : Silure glane - AdobeStock)

Mangeur d’hommes au Moyen Âge, divinité au Japon, envahisseur accusé de vider les rivières ou source de nourriture importante dans plusieurs pays asiatiques : assurément le poisson-chat n’est pas un poisson comme les autres ! Pour mieux connaître cet animal dont on dénombre pas moins de 3.000 espèces qui représentent une bonne part des espèces d’eau douce, nous commencerons par évoquer quelques légendes à son sujet avant de nous intéresser aux Ostariophysiens, le superordre qui comprend l’ordre des siluriformes (les poissons-chats). Après un zoom sur quelques espèces remarquables dont l’anguille électrique et le poisson-chat Ameiurus melas que l’on trouve dans les rivières françaises, nous nous attarderons sur le silure glane, ce poisson mythique redevenu assez commun dans les cours d’eau de France et d’Europe suite à des réintroductions intervenues dans les années 1970.

Et pour échanger sur ce géant des rivières qui peut atteindre des tailles record, comme en atteste ce spécimen de 2,70 m de long pêché (puis relâché) en 2018 dans la Loire près d’Avoine dans l’Indre-et-Loire (37), nous finirons avec quelques questions à l'équipe du Grand Aquarium de Touraine, à Lussault-sur-Loire (37), où les silures sont de véritables stars présentées dans un vaste aquarium à 360°, le ‘silurium’.

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NAMAZU, LE POISSON-CHAT GEANT QUI PORTE LE JAPON SUR SON DOS

(Image : Kashima, le Dieu du Tonnerre, maîtrise Namazu avec son épée - Wikimedia Commons - Domaine public)

Au Japon, Namazu (mot qui désigne poissons-chats et silures en japonais) est un poisson-chat géant vivant dans la boue des profondeurs de l’océan. Maîtrisé par un dieu, le Japon repose sur lui et quand il est assoupi, tout est calme, mais dès que Namazu remue ou s’échappe, il provoque les séismes et raz-de-marée qui frappent régulièrement l’archipel nippon, une légende qui fait écho à la réelle capacité des poissons-chats à anticiper les tremblements de terre grâce à leur grande sensibilité aux vibrations. La quasi-totalité des Ostariophysiens sont en effet dotés d’une structure interne caractéristique appelée organe de Weber, des os qui relient l’appareil auditif des poissons à leur vessie natatoire*. Grâce à cette connexion unique dans le monde animal, ils ont une perception très fine des sons et une excellente ouïe à tel point que certaines espèces utilisent les sons pour communiquer entre individus !

*Aussi appelé vessie gazeuse, la vessie natatoire est un sac aux fines parois et rempli de gaz dont sont équipés les poissons osseux. Situé dans l’abdomen des poissons, sous leur colonne vertébrale, c’est l’organe qui leur permet d’assurer leur flottaison en fonction de la profondeur où ils évoluent.

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LE POISSON QUI AVALAIT DES HOMMES

(Image : Waller_aus_dem_Ossiacher_See - Wikimedia Commons - Domaine public)

Les autres légendes sur les poissons-chats en réfèrent à leur voracité et leur taille géante. Ainsi au Moyen-Âge, le silure, par sa taille gigantesque, inspirait la peur car on le soupçonnait de dévorer des hommes, une légende qui résonne en Europe Centrale où il se raconte que le silure avale les petites filles qui se promènent trop près des berges du Danube, un de ses habitats originels.

Quand on considère le superordre des Osatariophysiens, on note effectivement la présence d’espèces aux tailles particulièrement impressionnantes. Le silure glane donc mais aussi l’anguille électrique qui est un des plus grands poissons de l’Amazonie (elle peut atteindre les 2,50 m de long) ou encore Pangasianodon gigas, le poisson-chat géant du Mékong, une espèce aujourd’hui ‘En danger critique d’extinction’ qui détient le record mondial du plus gros poisson-chat pêché en eau douce avec une taille de 3 m de long et un poids de 300 kg !

Quant à la voracité des poissons-chats, s’il n’est pas prouvé qu’ils aient jamais dévoré un être humain et que la plupart des espèces sont herbivores ou détritivores, elle est une réalité chez les plus grands des siluriformes. Les plus grandes espèces de poissons-chats sont en effet des prédateurs opportunistes qui chassent un peu tout ce qui se présente : poissons, crustacés, amphibiens, serpents mais aussi des mammifères aquatiques, des congénères affaiblis ou encore des oiseaux. Dans la rivière du Tarn, un groupe de silures est ainsi connu pour avoir développé une technique de chasse unique et spectaculaire sur des pigeons imprudents qui viennent se désaltérer et se baigner. Les silures les attrapent en s’échouant partiellement sur la berge à la façon des orques épaulards qui chassent l’otarie ! Quant aux poissons-chats à longues moustaches (famille des Pimelodidés) d’Amazonie, ils se régalent des singes maladroits qui ont le malheur de tomber dans l’eau…

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LE SUPERORDRE DES OSTARIOPHYSIENS : POISSON-LAIT, CARPES ET PIRANHAS

(Photo : Piranhas rouges © Julien PIERRE)

Les poissons-chats et alliés sont des siluriformes, un des cinq groupes composant le superordre des ostariophysiens, des poissons primitifs souvent capables de respirer en surface et dotés de vestiges de poumons qui sont également presque tous munis d’épines pectorales redoutables de formes pointues ou dentées parfois associées à une glande à venin ! Petite revue d’effectif des quatre autres groupes avant de revenir aux siluriformes, étant également précisé que la phylogénie des ostariophysiens est sujette à débat et n’est pas figée.

Le premier groupe est celui des Gonorynchiformes représenté notamment par le poisson-lait aussi appelé ‘chano’. C’est un gros poisson argenté doté d’écaille, qui se nourrit par filtrage (il n’a pas de dent), et qui a une queue très fourchue. On le trouve dans la zone indopacifique où il vit en eau douce mais se rend en mer pour se reproduire. Le poisson-lait est un pilier de l’alimentation humaine en Asie où il est élevé depuis plusieurs siècles.

Le second groupe est celui des Cypriniformes, un ordre très vaste qui regroupe plus de 3.250 espèces de poissons d’eau douce, dont la famille des cyprinidés qui comprend des poissons communs comme la carpe, le vairon, la loche ou encore la tanche.  

Le troisième groupe est celui des Characiformes, des poissons que l’on trouve dans les eaux douces tropicales d’Afrique Centrale et d’Amérique Centrale et du Sud. Si les aquariophiles noteront qu’on trouve dans cet ordre les petits tétras qui égaient les aquariums, on classe également parmi les Characins des représentants bien plus redoutables comme les sympathiques piranhas sud-américains aux dents aiguisés et les poissons-tigres dont le poisson-tigre goliath qui sème la terreur en Afrique dans le fleuve Congo et ses affluents !

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GYMNOTIFORMES, LES POISSONS ELECTRIQUES

(Photo : Anguille électrique © Julien PIERRE)

Le quatrième ordre est celui des Gymnotiformes, un groupe proche de celui des siluriformes. Aussi nommés poissons électriques d’Amérique du Sud ou encore poissons couteaux d’Amérique, les gymnotes sont des poissons fascinants car ils sont dotés d’organes qui produisent un champ électrique qui leur permet de capter leur environnement par électrolocation et de communiquer entre eux. Ce superpouvoir leur permet sans doute de compenser leur vue moyenne (leurs yeux sont situés sous leur peau) et d’évoluer dans des eaux troubles où de toute façon ils chassent essentiellement de nuit. Ces poissons seraient en outre dénués de réponse physiologique à la peur, autrement dit ils n’ont peur de rien ! Et c’est vrai que quand on voit dans cette vidéo de Nat Geo Wild France une anguille électrique (Electrophorus electricus), célèbre représentante du groupe (et qui au passage n’a rien à voir avec les autres espèces d’anguilles), littéralement électrocuter un caïman sur place en laissant le reptile raide comme un piquet, on se dit qu’effectivement voilà un poisson sans peur ! Quand elle est menacée, piégée ou en prédation, on a observé qu’elle était même capable de sauter hors de l’eau, rendant ses décharges électriques de 600 Volts encore plus dangereuses !

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SILURIFORMES, LES POISSONS-CHATS

(Photo : Silure de verre - AdobeStock)

Les Siluriformes constituent un groupe très ancien dont l’origine remonterait à plus de 110 Millions d’années soit durant le Crétacé, période célèbre pour ses dinosaures (tyrannosaure, tricératops, mosasaure…) et l’extinction de masse qui l’a conclue il y a 66 Ma.

Les poissons-chats actuels se caractérisent par les barbillons autour de leur grande bouche, la fameuse moustache à laquelle ils doivent leur nom. Couverts de bulbes, ils leur servent à capter leur environnement immédiat et détecter la nourriture. Les 3.000 et quelques silurifomes partagent, outre les barbillons, certaines caractéristiques communes : ils voient mal, ont une nageoire dorsale adipeuse, une peau nue, épaisse et sans écaille, et parfois couverte de plaques osseuses.

Si pour l’essentiel on trouve les poissons-chats dans les eaux douces d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud ainsi que celles de Madagascar, d’Australie et Nouvelle-Guinée, ils comptent également quelques représentants dans les eaux douces boréales ainsi que certaines espèces marines vivant près des côtes, notamment en Mer Méditerranée.

Si quelques espèces sont herbivores, celles qui sont carnivores et/ou nécrophages affectionnent l’eau boueuse des fonds où elles passent la journée avant de se mettre en chasse au crépuscule.

Parmi la grande diversité des siluriformes, on peut citer le poisson-chat à queue rouge (un des plus grands poissons d'Amazonie qui peut vivre 1 siècle !), le petit silure de verre (15 cm de long) à l’épiderme imbibé d’huile et si fin qu’il laisse à voir en transparence son squelette et ses organes ; les ancistrus, ces poissons noirs mouchetés qui atteignent les 13 cm de long et connus comme des ‘nettoyeurs’ par les aquariophiles ; ou encore le poisson-chat marcheur qui peut atteindre 40 cm de long et se révèle capable de marcher sur la terre ferme à l’aide de ses nageoires pectorales pour se déplacer d’un point d’eau à un autre, ses branchies modifiées lui permettant de respirer à l’air libre pour survivre en cas de faible oxygénation de l’eau.

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AMEIURUS MELAS, LE POISSON-CHAT DES ETANGS ET COURS D’EAU FRANCAIS

(Photo : Poisson-chat - Emöke Dénes - Wikimedia Commons - CC BY-SA 4.0)

Originaire d’Amérique du Nord dont il fut importé à la fin du XIXème siècle, le poisson-chat (Ameiurus melas) est connu sous de nombreux noms : barbotte, greffier, barbicho ou encore tout simplement chat. Présent dans une bonne partie de l’Europe de l’Ouest, il apprécie le fond des eaux calmes voire stagnantes des étangs, lacs, bras morts de rivières et cours d’eau. Ce chasseur nocturne est un poisson particulièrement résistant capable de survivre trois heures hors de l’eau ou s’enfouir dans la vase boueuse pour affronter une sécheresse.  Réputé pour sa voracité, il est légalement considéré en France comme une espèce nuisible car il pèse sur les écosystèmes où il est présent. Ce poisson omnivore n’hésite pas à s’attaquer à des poissons aussi gros que lui en leur mordant la queue pour les mutiler, même si il se fait plus discret quand le silure et le black bass sont dans le coin, ces derniers étant avec l’homme les seuls prédateurs notables d’Ameiurus. Le black-bass  mange le poisson-chat sans que les piquants des nageoires pectorales et dorsales de celui-ci ne le gênent outre mesure alors que ces pointes perceraient la gorge ou l’estomac des brochets et des perches.

SILURE GLANE, LE CHASSEUR ULTIME ?

(Vidéo : Le Zapping Sauvage sur Youtube)

Avec ses plus de 2,5 m de long et plus de 100 kg, le silure glane (Silurus glanis) est un géant des rivières européennes et se dispute le titre de plus gros poisson d’eau douce au monde avec l’arapaïma sud-américain, le poisson-chat géant du Mékong ou encore l’esturgeon (dont certaines espèces peuvent atteindre des tailles remarquables). C’est un poisson territorial plutôt paisible – sauf quand il défend son territoire ou sa progéniture qu’il protège avec férocité. Loin d’être un colosse apathique et un peu bêta, le silure est un poisson-chat qui fascine les chercheurs car il a des comportements étonnants, à commencer par ses techniques de chasse.

Poisson peu actif qui apprécie le fond de l’eau où il passe ses journées avec ses congénères, il se met en chasse en solitaire au crépuscule et dévoile alors un éventail de techniques remarquables. Quand il chasse à l’affût, terré au fond de l’eau dans l’attente d’une proie, il peut désorienter celle-ci  en créant un tourbillon avec sa nageoire caudale ou en ouvrant simplement sa gueule immense (sa tête représente à elle seule le tiers de son poids !), action qui crée un courant aspirant auquel la proie a peu de chance de réchapper avant de se retrouver coincée entre les nombreuses petites dents du silure. Egalement capable de fondre sur ses proies à la vitesse de l’éclair, il sait aussi leurrer les imprudents en faisant passer ses barbillons pour des vers qu’il tortille ou encore développer des techniques de chasse par échouage volontaire ainsi que le relatent les observations sur les silures du Tarn. Et pour trouver des proies en abondance, il sait aussi se positionner près des barrages pour l’arrivée des espèces migratrices de poissons

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UN GEANT A L’INTELLIGENCE REMARQUABLE

(Image : Silure (Silurus glanis) (Linnaeus) - Harry Govier Seeley - Wikimedia Commons - Public Domain)

Et qu’en est-il quand le chasseur devient chassé et que l’homme se mesure à lui ? Car clairement le silure est un poisson trophée qui fait vibrer les ‘silureux’, ces adeptes de pêche musclée ravis de sa réintroduction d’abord dans la Saône à la fin des années 1960 avant de s’étendre à tout le territoire français dans les années 1970.

Encore une fois le silure semble faire montre d’une intelligence remarquable en étant capable d’analyser, apprendre et désapprendre comme l'ont remarqué des passionnés de pêche qui ont observé que le silure se méfie des hameçons et des fils qu’il va ignorer une fois sur deux ; et que dans certains bassins, il ne réagit plus au ‘clonk’, un outil de pêche consistant à produire une bulle d’air simulant la présence d’un autre poisson chat sur le territoire du silure, ce qui le ferait immanquablement réagir… en théorie !

Les silures seraient-ils capables d’échanger entre eux et se prévenir que ce ‘clonk’ ne vaut pas le déplacement ? C’est que c’est un poisson qui communique avec ses semblables en les touchant délicatement et en émettant des sons, le tout dans un contexte de société hiérarchisée. Pêcheurs, vous voilà prévenus, la société des silures ne réagira plus au ‘clonk’ :-)

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LE SILURE EST-IL UN DANGER POUR LES RIVIERES ?

(Photo : Silure dans le fleuve Dniepr (Europe de l'Est) - Nikkolo - Wikimedia Commons - CC BY-SA 1.0)

Si le tourisme de pêche est évidemment peu favorable à l’idée d’une limitation de l’espèce dans les rivières, lacs et étangs français, il est vrai que le silure est un des seuls grands poissons prédateurs à voir ses populations croître de façon exponentielle dans quasiment dans toutes les rivières de France, notamment parce qu’il se révèle très adaptable à divers milieux tant qu’il y a de la nourriture (il mange de tout, y compris d’autres prédateurs comme le brochet ou le sandre) et une eau suffisamment chaude pour la période de reproduction.

Pour les pro-silures, on constate qu’il ne déséquilibre pas forcément les écosystèmes où il est présent et que concernant les espèces migratrices comme le saumon par exemple, celles-ci arrivent à l’éviter. Quand il pèse sur les ressources, concurrence les pêcheurs et s’en prend aux espèces locales comme l’écrevisse (dont notre écrevisse à pattes rouges ‘En Danger’ qui doit déjà faire face aux espèces étrangères) ou à la lamproie de rivière (au statut d’espèce ‘Vulnérable’ en France), la question mérite d’être posée.

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L'OEIL DES PASSIONNES : CHLOE ET ANTHONY DU GRAND AQUARIUM DU TOURAINE

(Photo : Un silure au silurium du Grand Aquarium de Touraine © Julien PIERRE)

Nous avions déjà eu l’occasion de questionner l’équipe du Grand Aquarium de Touraine de Lussault-sur-Loire (37) sur les requins ou les coulisses et le fonctionnement de l’aquarium ; cette fois nous retrouvons Chloé, la responsable commerciale, et Anthony, soigneur animalier et le référent eau douce froide du site. Ils nous parlent des silures, de véritables stars mises en valeur par un spectaculaire silurium, mais aussi pollution des rivières et sensibilisation du public.

Interview :

Au Grand Aquarium de Touraine, vous présentez plusieurs spécimens de silures particulièrement imposants dans une installation remarquable, le silurium. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces poissons et sur l’espace qui les accueille ?

Chloé & Anthony : Nous ne connaissons pas l’âge exact de nos animaux mais nous les estimons autour de 30 ou 40 ans (les silures vivent une soixantaine d’années). Nos pensionnaires ont atteint leur maturité notamment en terme de taille : le plus petit fait environ 1,90 m et le plus grand mesure environ 2,30 m et on estime son poids entre 80 et 100 kg !

Les silures sont présentés dans un silurium en nocturama. Ces animaux étant actifs la nuit, nous avons inversé le cycle jour/nuit afin qu’ils soient les plus actifs lors des nourrissages. Afin de respecter leur environnement, ces nourrissages ont lieu pour eux durant leur cycle de nuit (jour pour nous) car en rivière, ils sortent et chassent à la tombée du jour.

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SOIGNER DES GEANTS

(Photo : Silure glane - Bildspende von Dieter Florian - Wikipédia - CC0)

Comment prend-t-on soin de tels géants ? Que regarde le soigneur chez eux et comment se nourrissent-ils ?

Chloé & Anthony : Ces animaux sont très sujets au stress, ainsi les soigneurs les approchent peu et ils ne sont pas manipulés. Le seul moment de contact a lieu lors du nourrissage ou lors des plongées très exceptionnelles pour nettoyer leur bassin.

Les soigneurs vérifient tous les jours lors de leur tour du matin si il n’y a pas de pathologie, de parasite, si ils ne sont pas abîmés (bagarre entre eux) ; c’est le moment aussi de vérifier leur environnement, si le bassin est en bon état, ainsi que le décor.

Ces animaux sont nourris une fois par semaine car ils sont relativement vieux et leur dépense énergétique est assez faible. Ils sont nourris avec de la nourriture inerte surgelée comme des cailles, ou des gros poissons entiers comme les tacauds.

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SENSIBILISER LE PUBLIC A LA FRAGILITE DES ECOSYSTEMES AQUATIQUES

(Photo : Tunnel eau froide au Grand Aquarium de Touraine © Grand Aquarium de Touraine)

Au-delà de la découverte des espèces tropicales marines et autres requins qui sont présentés chez vous, le Grand Aquarium de Touraine permet également découvrir l’écosystème des rivières en présentant des espèces finalement rarement mises en avant. Comment travaillez-vous à l’éducation et à la sensibilisation du public ?

Chloé & Anthony : Le Grand Aquarium de Touraine travaille à la sensibilisation du public d’ordinaire (hors COVID) à travers les ateliers pédagogique qui traitent de la pollution notamment celui intitulé « Loire Fragile » spécifiquement créé pour l’éducation autour de notre fleuve royal. Un bassin au décor pollué intentionnellement (le « bassin pollution ») a été créé afin de sensibiliser le grand public sur l’état de nos cours d’eau et de ces milieux pollués, qui sont la cause de la disparition d’espèces mais également de l’apparition d’espèces nuisibles comme le poisson-chat.

Les tout-petits ont accès à un tableau magnétique créé dans l’espace de la cabane du naturaliste, la sensibilisation et l’éducation de ce public se fait par le jeu, ce tableau retranscrit l’échelle du temps et celle de la biodégradabilité des déchets dans les eaux.

Enfin le discours de nos soigneurs en visite guidée ou lors des nourrissages ou activités en public insiste sur la nécessité de préservation des écosystèmes.

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... SANS NEGLIGER LES ECOSYSTEMES LOCAUX

(Photo : © Julien PIERRE ; fleuves et rivières sont des milieux très fragiles souvent soumis à une forte pression anthropique, sachant qu'ils finissent par se déverser... dans la mer !)

N’y a-t-il pas là un paradoxe avec une meilleure connaissance par le public des enjeux de conservation des mers et océans lointains au détriment par exemple de la Loire voisine et  finalement méconnue ? Au-delà, quels sont les enjeux de la préservation des écosystèmes d’eau douce particulièrement fragiles et malmenés par les activités humaines ?

Chloé & Anthony : Chez nous, pas de paradoxe car la sensibilisation des publics est faites sur tous les écosystèmes y compris celui des fleuves et rivières locaux.

Il est vrai cependant que la mise en avant de la nécessité de protection des océans dans les médias est plus présente, certainement car c'est plus impactant pour le grand public. C’est une cause mondiale qui concerne tout le monde et permet de faire appel à des moyens mondiaux. Elle met en cause une responsabilité globale autour de cette nécessité de protection... mais c’est également un moyen de diluer les responsabilités des Etats. Sur des causes plus locales, les moyens ne peuvent être, à leur plus haut niveau, que nationaux.

La préservation des écosystèmes locaux est vitale car elle permet la sauvegarde des habitats des animaux. En étant bien trop souvent détruits au profit d’aménagements, la disparition des habitats des animaux les prive d'une reproduction naturelle... Or préserver ces environnements, c’est aussi préserver l’environnement de l’Homme et nous permettre de continuer à cultiver la Terre et donc continuer à nous nourrir. L’équilibre de la Terre avec l’Homme est la clef de voute de la préservation de tous ces environnements.

Prendre soin des écosystèmes d’eau douce, c’est prendre soin de soi en tant qu’Homme et de son lieu de vie pour que tout perdure.

 

Le Grand Aquarium de Touraine a réouvert ses portes au public depuis le 6 Juin 2020 dans le respect des consignes et gestes barrières pour limiter la propagation du Covid-19.

Le site web du Grand Aquarium de Touraine

La page Facebook du Grand Aquarium de Touraine

Le compte Instagram du Grand Aquarium de Touraine

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