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Lion dans la savane du Masai Mara © Patrick KIENTZ

Masai mara, au royaume des animaux de la savane africaine

25 Avril 2020

(Photo : Lion © Patrick KIENTZ ; "Le Roi !")

D’Ernest Hemingway qui popularisa dans ses écrits la figure du chasseur blanc à Joseph Kessel qui dans ‘Le Lion’ contait l’amitié d’une jeune fille et d’un lion, de ‘Out of Africa’ de Sydney Pollack à ‘Chasseur Blanc, Cœur Noir’ de Clint Eastwood pour le cinéma en passant par le Roi Lion dans ses versions animées ou musicales : l’Afrique rêvée, ses savanes et ses animaux exercent une fascination quasi magnétique qui invoque les images d’une terre éternelle d’aventures, de paysages grandioses et d’une nature puissante et mystérieuse. 

Dans cet article, nous vous proposons d’embarquer pour la mythique région du Masai Mara au Kenya en compagnie de Patrick KIENTZ, photographe animalier passionné auteur de plusieurs magnifiques ouvrages. Vous ferez plus ample connaissance avec les mythiques animaux du ‘Big Five’, ces cinq espèces légendaires de la savane (l’éléphant, le lion, le buffle, le léopard et le rhinocéros noir) toutes présentes dans le Masai Mara. Nous en profiterons pour parler de cinq espèces moins connues mais tout aussi fascinantes avant de finir par quelques questions à Patrick qui nous parlera de ces terres de légende qu’il porte particulièrement dans son cœur.

Si l'article vous plaît, prolongez le plaisir en jouant à notre Quiz Animaux de la Savane pour tester vos connaissances et apprendre des choses étonnantes sur ces animaux mythiques !

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Eléphant dans la savane du Masai Mara © Patrick KIENTZ

LE MASAI MARA

(Photo : Eléphant d'Afrique © Patrick KIENTZ ; "Les incroyables couleurs des levers et des couchers de soleil sous l’équateur, pour magnifier cet éléphant qui avance d’un pas décidé dans la savane")

La Mara est le nom du fleuve qui prend sa source dans les montagnes de l’ouest du Kenya. Il traverse le Masaï Mara*, célèbre réserve nationale du sud-ouest du pays bordée par les enkangs (= villages) du fier peuple des Masaï, avant de passer par le nord de la Tanzanie pour se jeter dans le lac Victoria.

Toute cette région se situe dans la vallée du Grand Rift, une gigantesque dépression à l'est du continent qui traverse la Corne de l’Afrique du nord au sud depuis la Mer Rouge (Erythrée, Djibouti et Somalie) puis se poursuit jusqu’au Malawi et au Mozambique et qui est en réalité due à une grande faille tectonique qui s’est formée il y a plus de 20 Millions d’années dans la plaque africaine. Elle est notamment célèbre pour les nombreuses découvertes de fossiles d’Australopithèques et autres ancêtres de la lignée humaine qui y ont été faites, faisant de cette zone du monde le possible berceau de l'humanité.

* On peut écrire indifféremment Masai, Massai ou encore Masaï, les différentes orthographes sont recevables. Massaï ou Maasaï est davantage utilisé pour désigner le célèbre peuple des éleveurs et guerriers semi-nomades qui vivent dans le centre et le sud-ouest du Kenya et le Nord de la Tanzanie.

Paysage dans la savane du Masai Mara © Patrick KIENTZ

QU’EST-CE QUE LA SAVANE ?

(Photo : Paysage du Masai Mara © Patrick KIENTZ)

La savane est une prairie tropicale qui se caractérise par des températures élevées toute l’année, une saison des pluies en été et une végétation essentiellement constituée de grandes herbes qui peuvent dépasser les 2 m de hauteur, l’herbe étant le seul végétal capable de résister à la rudesse du climat et se régénérer rapidement malgré les feux de brousse et la consommation des grands troupeaux d’animaux herbivores. Et pour vous donner une idée de l’immensité des savanes africaines, sachez qu’à elle seules elles couvrent plus du tiers de la surface du continent !

Zone de transition entre les déserts et les forêts, la savane est plus qu’une morne plaine monotone car elle coexiste en réalité avec une mosaïque d’habitats : au marais succède la plaine inondée puis la savane proprement dite, parfois ponctuée d’euphorbes cactiformes (de grandes plantes succulentes qui ressemblent à des cactus) et de collines ; puis à mesure qu’on se rapproche d’un fleuve ou d’une rivière, on trouvera davantage d’arbustes, acacias et baobabs : c’est la savane arborée qui elle-même se mue en forêts galeries qui suivent le long des cours d’eau. Certaines espèces animales naviguent d’un écosystème à l’autre selon la période du jour ou de la nuit, la pluviométrie, la saison et les ressources alimentaires disponibles. Gnous par centaines de milliers mais aussi zèbres, antilopes ou encore buffles et éléphants pratiquent également de spectaculaires et célèbres grandes migrations saisonnières pour gagner des territoires où assurer leur subsistance.

Troupeau de gnous et zèbres dans le Masai Mara © Patrick KIENTZ

POURQUOI Y’A-T-IL AUTANT D’ANIMAUX DANS LA SAVANE ?

(Photo Gnous et zèbres © Patrick KIENTZ)

La savane africaine est connue pour héberger un grand nombre d’espèces de grands mammifères herbivores qui y vivent souvent en troupeaux immenses. Comment expliquer une telle profusion ? C’est qu’au fil de l’évolution, chaque espèce a trouvé sa niche écologique et s’est spécialisée sans concurrencer les autres animaux : la girafe se nourrit des branches et rameaux à 5 m de hauteur, le buffle apprécie les herbes coriaces qui poussent dans les zones arborées, le zèbre et le gnou préfèrent l’herbe tendre des plaines et le phacochère déterre bulbes et racines avec son groin-pelleteuse. S’est ainsi créé un équilibre où chacun trouve son compte, le tout sous la surveillance des prédateurs (lion, panthère, guépard, lycaon, hyène tachetée) qui eux-mêmes se nourrissent de ces herbivores. Insectes, reptiles, oiseaux, rapaces, singes (babouins, vervets, patas), charognards, petits prédateurs, rongeurs et mammifères fouisseurs complètent le tableau de cette grande symphonie de la savane digne de la scène d’ouverture du Roi Lion.

Dans la savane, qui est un milieu ouvert, mieux vaut être grand (girafe), fort et puissant (éléphant, rhinocéros, buffle) et/ou courir vite (autruche, antilopes) pour échapper aux chasseurs qui ne sont jamais bien loin. Le nombre est également une force : pour les gnous, les antilopes, les zèbres, le troupeau est la structure sociale de référence pour ces espèces grégaires qui augmentent en son sein leurs chances de survie, les herbivores allant même jusqu’à former de grandes communautés inter-espèces pour se rendre des services mutuels en donnant par exemple l’alerte en cas d’attaque ; ce qui n’empêche pas le lion de s’y tailler généreusement sa part avec un tableau de chasse annuel qui affiche au compteur plus de 100 gnous, 30 zèbres, 25 gazelles de Thomson et une dizaine de girafes, d’impalas et de buffles pour un groupe type  se composant seulement d'1 lion, 2 lionnes et 3 lionceaux !

Buffle africain dans le Masai Mara © Patrick KIENTZ

BIG FIVE, LES SUPERSTARS DE LA SAVANE

(Photo : Buffle © Patrick KIENTZ ; "Une coiffe très impressionnante et inhabituelle pour ce vieux buffle, dont les cornes continueront à pousser  pendant toute sa vie.")

Le Big Five, qu’on pourrait traduire par ‘Cinq Majeur’, est un concept qui fut créé pour la chasse aux trophées et distingue les cinq animaux les plus prestigieux que le chasseur accompli (blanc et occidental) se devait d'avoir abattu dans sa vie. Le développement des safaris en Afrique doit d’ailleurs beaucoup au départ à l’organisation des périples exotiques pour ces chasseurs qui avaient les moyens de se payer le voyage pour venir défier ces animaux réputés pour leur férocité. Autre temps, autres mœurs – et même si la chasse aux trophées existe toujours en Afrique avec certaines dérives hallucinantes (la chasse en boîte de lions et autres animaux élevés en captivité et qui ne sont relâchés que pour être abattus, chasse ‘sportive’ de la girafe qui est aujourd’hui un animal très menacé) – l’appareil photo a remplacé le fusil et toute une industrie de loisirs autour des réserves de vie sauvage africaines s’est développée, capitalisant sur les richesses naturelles des pays tout en épargnant des espèces dont certaines au bord de l’extinction… Le Big Five, c’est donc aujourd’hui un produit d'appel des safaris et le Graal du photographe amateur ou passionné qui rêve de réussir à immortaliser sa rencontre avec les cinq espèces iconiques de la savane que sont le lion, le léopard, l’éléphant, le buffle et le rhinocéros noir !

Lion dans la savane du Masai Mara © Patrick KIENTZ

LE LION

(Photo : Lion © Patrick KIENTZ ; "Les lions n'aiment pas l'eau !")

A tout seigneur tout honneur, commençons par sa majesté le roi des animaux. Le lion est un des plus grands félins au monde et peut-être aussi le plus célèbre. Puissant, implacable, rapide (sur une courte distance, il peut atteindre les 80 km/h), agressif, imprévisible, il est aussi un des rares membre de la famille des Félidés à vivre en clans pouvant compter jusqu’à une trentaine d’individus dirigés par un mâle dominant qui passe une bonne partie de son temps à se reposer, chasser quand il a faim et défendre son territoire des incursions et agressions des autres prétendants, laissant aux lionnes le soin de mener les chasses nocturnes qui nourrissent la communauté.

Le lion est également un animal symbole présent dans quasiment toutes les cultures et religions de la planète, incarnant tour à tour le pouvoir, la sagesse et la justice mais aussi parfois la tendance à dominer en despote et à imposer son autorité par la force brutale. En Afrique, le jeune guerrier Masaï prétendant à la fonction de chef de tribu devait, lors d’une chasse en groupe, démontrer son courage en attrapant un lion par la queue et le maintenir jusqu’à ce que ses compagnons le mettent à mort. Chez les Bambaras au Mali, le lion incarne un grade très important dans la hiérarchie sociale traditionnelle seulement surpassé par les sages.

Pour célèbre qu’il soit, le lion à l’état sauvage n’en est pas moins une espèce menacée qui se raréfie avec aujourd’hui le statut d’espèce ‘Vulnérable’ et seulement 30.000 représentants sauvages vivant sur tout le continent africain…

Une maman léopard et son petit dans le Masai Mara © Patrick KIENTZ

LE LEOPARD

(Photo : © Patrick KIENTZ ; "Une femelle léopard et son jeune, photographiés au ras du sol grâce au dispositif exclusif de Tembo by Jackson")

Il n’existe en réalité pas un unique léopard d’Afrique (Panthera pardus) mais une dizaine de sous-espèces qui se répartissent sur le continent, de l’Afrique du Nord (rarissime léopard de Barbarie qui vit dans les montagnes de l’Atlas et le long d’une fine bande méridionale du Soudan et de l’Egypte) au petit léopard du Cap en Afrique du Sud. Cette vaste aire de répartition montre que la panthère (son autre nom) n’est pas inféodée à la savane comme peut l’être le lion et qu'elle sait s'adapter à des habitats très divers, de la forêt tropicale humide aux zones montagneuses et arides. Elle se distingue également du roi des animaux par un mode de vie nettement plus solitaire plus en phase avec les standards des félins.

Qu’il approche patiemment de ses proies en avançant tapi dans les hautes herbes ou en leur sautant dessus avec agilité depuis la branche d’un arbre, le léopard est un formidable chasseur aux mœurs nocturnes qui s’attaque à une grande variété d’animaux. Une fois sa proie morte, il a pour habitude de la hisser en haut d’un arbre pour la mettre à l’abri des autres prédateurs et des charognards de la savane – et pour vous donner une idée de la puissance musculaire et de l’agilité du léopard (qui ne pèse jamais que 80 à 90 kg max), cette proie peut être un zèbre, un gnou voir une jeune girafe !

Symbole de fierté mais aussi de férocité, d’habileté ou encore de force soudaine et impitoyable selon les cultures, les prêtres égyptiens portaient des peaux de léopards pour se protéger de la mort et de Seth le dieu du mal lors de leurs cérémonies funéraires. 

Un éléphant d'Afrique en contre-plongée dans le Masai Mara © Patrick KIENTZ

L’ELEPHANT DE SAVANE

(Photo : © Patrick KIENTZ ; "Une proximité, et un angle inhabituel, en contreplongée, pour cet éléphant grâce au permis hors-piste et au dispositif de prise de vue au ras du sol de Tembo by Jackson")

Géant de la savane incarnant la force, la prospérité, la longévité et la sagesse, l’éléphant de savane africain est le plus grand mammifère terrestre. Braconné pour sa chair et son ivoire qui alimente toujours un vaste trafic international, il se heurte également à l’hostilité des populations locales avec lesquelles il arrive qu’il entre en conflit quand il pille les cultures.

Au-delà de sa stature de géant qui ne craint aucun prédateur et de son caractère taciturne, l’éléphant est aussi un animal d’une grande intelligence qui utilise sa trompe pour saisir et manipuler des objets, vit en sociétés matriarcales très soudées sous la conduite d’une sage ancienne, peut sentir l’eau à des km y compris à plusieurs mètres sous terre (et se souvenir de la localisation des points d’eau sur des centaines de km, la légendaire mémoire d’éléphant !) et communique avec ses pairs en émettant des infrasons inaudibles pour l’oreille humaine mais que les autres hardes peuvent capter à des km ! Les mâles adultes vivent à l’écart, ne rejoignant les femelles qu’au moment du ‘musth’, une forte montée de testostérone qui les rend très agressifs et se matérialise par une sécrétion épaisse qui s’écoule de leurs tempes. Au jeu de la séduction, l'expérience paie et les femelles tendent à préférer les mâles plus âgés qui sécrètent davantage de musth.

Un buffle africain prend un bain de boue dans le Masai Mara © Patrick KIENTZ

LE BUFFLE AFRICAIN

(Photo : © Patrick KIENTZ ; "Avec l’hippopotame, le plus imprévisible et le plus dangereux animal de la savane. Les mâles solitaires aiment passer du temps dans des flaques de boue, se transformant ainsi en improbables statues")

Véritable tank mobile tout en muscles d’1,50 m de hauteur au garrot pesant pas loin d’une tonne, le buffle d’Afrique est un des bovidés les plus puissants avec sa redoutable paire de cornes épaisses qui se rejoignent sur son front pour former un casque protecteur. Il préfère la savane arborée où il trouve les feuilles, herbes, racines et l’écorce qui constituent sa nourriture et ne se tient jamais trop éloigné d’un point d’eau où il adore passer de longues heures à faire des bains de boue. Histoire de déjouer les possibles attaques de crocodiles, il sonde d’abord l’eau à coups de sabots et y plonge son museau pour faire des bulles et voir si ça réagit.

Les buffles vivent en troupeaux soudés, veillant les uns sur les autres et protégeant les petits. Animal plutôt placide au naturel, les mâles s’animent à la saison des amours et se livrent à des joutes féroces : malheur au perdant qui sera exclu du groupe ! Lorsqu’il est blessé ou simplement pris de colère, le buffle devient alors extrêmement dangereux et n’hésite pas à défier le rhinocéros ou tout adversaire qui ose se dresser sur sa route. Dans la savane, peu de prédateurs osent  se mesurer au buffle ; seule la panthère qui va cibler les petits et les lions qui le chassent en groupe en essayant de lui briser le cou osent se mesurer au colosse. Il existe 5 sous-espèces de buffle d’Afrique dont le plus massif est le buffle de Cafrérie ou buffle du Cap qui est présent dans le Masaï Mara.

Un rhinocéros noir dans le Masai Mara © Patrick KIENTZ

LE RHINOCEROS NOIR

(Photo : © Patrick KIENTZ ; "Rencontre exceptionnelle dans le Masai Mara avec ce rhinocéros noir qui porte des cornes d’une longueur remarquable !")

Légèrement plus petit que le rhinocéros blanc d’Afrique, le rhinocéros noir se distingue de son cousin par l’absence de bosse sur sa nuque et sa lèvre supérieure préhensile qui l’aide à saisir les végétaux dont il se nourrit. Réputé pour son côté imprévisible et capable de charges furieuses sans raison avant de se remettre à brouter paisiblement la minute d’après, le rhinocéros voit mal mais possède un très bon odorat doublé d’une ouïe fine. Des hérons garde-bœufs se postent parfois sur son dos dans une association insolite gagnant-gagnant : dans les hautes herbes où il ne voit rien, le rhinocéros est prévenu d’un danger quand le héron qui lui voit très bien se met à sautiller sur son dos ; en échange le héron profite du service de taxi et du garde-manger ambulant des insectes qui s'envolent dans le sillage du rhino et son abondant crottin. Malheureusement toujours braconné pour sa corne, le rhinocéros noir est une espèce très menacéeEn danger critique d’extinction’ qui ne compte plus à ce jour que 3.000 à 4.000 individus à l’état sauvage. D’importants moyens sont mis en place pour assurer sa protection dont des systèmes de puces implantées dans leur peau pour pouvoir les géolocaliser en permanence.

Une girafe et son girafon au coucher du soleil dans la savane © Patrick KIENTZ

AUTRES ANIMAUX EXTRAORDINAIRES DE LA SAVANE

(Photo © Patrick KIENTZ ; "La girafe, aujourd'hui elle aussi espèce menacée, un des nombreux habitants iconiques de la savane africaine.")

La faune du Masaï Mara et des savanes africaines en général est extrêmement diversifiée et va bien au-delà des cinq représentants iconiques du Big Five : de l’étrange rat-taupe glabre à la peau complètement nue qui passe son temps dans d’immenses galeries souterraines aux termites Macrotermes champignonnistes qui bâtissent de véritables cathédrales géantes de plusieurs mètres de hauteur, des scarabées goliaths, insectes géants qui peuvent casser un pare-brise quand on les heurte à pleine vitesse au désormais tristement célèbre pangolin, il existe une multitude d’animaux fascinants de toute taille qui peuplent les savanes africaines ! On vous propose maintenant de découvrir cinq représentants moins connus de cette faune hétéroclite.

Deux généruks en train de brouter des arbres dans la savane © Patrick KIENTZ

LA GAZELLE GIRAFE

(Photo © Patrick KIENTZ ; "Le gérénuk se nourrit, comme la girafe, de feuilles d’acacia, et elle passe une partie de sa journée dressée sur ses pattes arrières pour s'alimenter.")

Aussi appelée gérénuk ou encore gazelle de Waller, cette gracile et timide antilope aux grands yeux en amande, membres étirés et long cou fin vit au Kenya, dans le Nord de la Tanzanie ainsi qu’en Somalie, à Djibouti et en Ethiopie. Dans la savane ou les zones plus arides de son aire de répartition, elle recherche les hauts buissons des arbres et épineux dont elle consomme les feuilles jusqu’à 2,50 m de hauteur grâce à sa faculté à se dresser sur ses pattes arrières. Capable de pointes à 100 km/h, elle vit en groupes d’une dizaine d’individus (femelles et jeunes) rejoints par les mâles cornés au moment de la reproduction. Prisée des prédateurs de la savane, elle est également menacée par le chasse et les activités humaines au point d’être aujourd’hui classée par l’UICN comme espèce en déclin au statut ‘Quasi menacé’.

Un messager sagittaire en chasse dans la savane africaine © Patrick KIENTZ

LE SERPENTAIRE

(Photo : © Patrick KIENTZ ; "Le messager sagittaire, ou serpentaire, appartient à la famille des aigles. C’est un grand marcheur qui peut parcourir plus de 20 km par jour à la recherche de serpents, lézard et petits mammifères.")

Le serpentaire est un grand échalas nerveux de 1,50 m de haut, le seul rapace à avoir des longues pattes d’échassier dotées de serres puissantes. Il est un formidable chasseur de serpents, rongeurs et reptiles qu’il approche doucement avant de les cogner et les secouer violemment puis de les achever d’un coup de bec pour leur briser le cou. Il vole très bien et s’avère également un rapide et gracieux coureur au sol capable de parcourir des dizaines de km sur une même journée. Il installe son nid de préférence dans un arbre en hauteur où il peut élever ses 1 à 3 petits en sécurité. Aussi appelé messager sagittaire ou encore secrétaire, il ne faut pas le confondre avec les 8 autres espèces de serpentaires, des rapaces à l'allure plus conventionnelle au fort bec crochu proches de l'aigle et du vautour.

Un jeune caracal en chasse © Patrick KIENTZ

LE CARACAL

(Photo © Patrick KIENTZ ; "Le Graal du photographe animalier, le magnifique et rarissime caracal ! Là c'est un jeune caracal s’exerçant à la chasse, photographié après une attente de plus de sept heures, bien récompensée !")

Avec son allure gracieuse et ses grandes oreilles caractéristiques qui se terminent par un pinceau de poils noirs, le caracal est un félin plus discret que le lion, le léopard et le guépard mais qui comme eux habite la savane. Il a un pelage ras souvent de couleur fauve (mais parfois aussi noir comme pour les panthères atteintes de mélanisme), une allure de grand chat (il peut dépasser les 40 cm de hauteur au garrot pour un poids d’une vingtaine de kg) et est adapté à la vie dans les milieux arides au point d’être aussi appelé ‘lynx du désert’ (même si il est en réalité plus proche du serval que du lynx). A la nuit tombée, il chasse de petites proies telles que le lièvre, le daman, des oiseaux qu’il attrape en vol grâce à ses fantastiques bonds verticaux (jusqu’à 3 m de hauteur !) ainsi que divers rongeurs et de petites antilopes. Rare et difficile à observer, il a une grande aire de répartition en Afrique et on le trouve également au Moyen-Orient et en Asie où il est menacé.

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L’ORYCTEROPE

(Photo : Oryctérope - Jean - Flickr - CC BY 2.0)

Voilà un de ses étranges animaux dont la nature a le secret : l’oryctérope ou ‘cochon de terre’ est un animal solitaire qui passe l’essentiel de ses journées sous terre à creuser des réseaux de galeries et sa taille certaine (1,60 m de long dont queue de 50 cm pour un poids qui peut dépasser les 60 kg) en fait l’un des plus gros mammifères fouisseurs au monde. Vivant donc un peu à la manière souterraine d’une taupe, on le croirait issu du croisement d’un cochon (pour son corps aux poils ras et son groin), d’un lièvre (pour ses oreilles immenses lui assurant une ouïe excellente), d’une souris géante (pour sa longue queue nue) et d’un fourmilier pour ses puissantes griffes équipant ses membres antérieurs et son long museau doté d’une langue collante qui lui sert à attraper les fourmis et termites qui constituent l’essentiel de son alimentation. Unique représentant actuel de l’ordre des Tubulidentés, c’est un animal discret aux mœurs nocturnes qui est doté de l’un des meilleurs odorats de tout le règne animal.

Ratel transportant un petit

LE RATEL

(Photo : Ratel transportant un petit - Derek Keats - Flickr - CC BY 2.0)

Le ratel, aussi appelée zorille du Cap, est un animal très répandu en Afrique et également présent dans la péninsule arabique et en Inde. S’il sait s’adapter à divers habitats, ce carnivore taciturne de taille moyenne (75 cm de long, 30 cm de haut, 10 à 12 kg max) est aussi présent dans la savane africaine. Réputé pour son caractère hargneux, résistant (il encaisse sans broncher le venin mortel des serpents) et agressif, il rappelle le glouton de l’hémisphère Nord avec lequel il partage la même férocité, capable malgré sa taille réduite de s’attaquer à une antilope ou un gnou et défier lions, panthères ou hyènes pour leur dérober une carcasse appétissante ou défendre son bifteck ! Et si le danger se fait sentir, une petite ‘danse du ratel’ (1 pas en arrière, 2 en avant – le ratel étant avec l’être humain un des seuls à savoir courir en arrière !), une morsure à l’arrière train et aux testicules (qu’il vise délibérément !) et le tour est joué. Adaptable et malin, le ratel mange de tout et raffole notamment du miel, sa peau épaisse le protégeant des piqûres ; en anglais on l’appelle d’ailleurs ‘honey badger’ soit littéralement ‘blaireau qui aime le miel’.

Attention au terme de ‘zorille’ qui peut prêter à confusion car il désigne quatre espèces assez différentes de Mustélidés noirs et blancs, notre ami le zorille du Cap n'ayant que peu à voir avec la zorille commune qui est davantage un putois projetant sur commande un jet de liquide nauséabond par ses glandes anales.

Jackson Naurori et Patrick Kientz © Martine KIENTZ

L'OEIL DU PASSIONNE : PATRICK KIENTZ, PHOTOGRAPHE ANIMALIER

(Photo © Martine KIENTZ (de g à dr) Jackson NAURORI, organisateur des safaris Tembo by Jackson et Patrick KIENTZ)

On avait déjà eu la chance d’échanger avec Patrick KIENTZ sur l’orang-outan, magnifique grand singe très menacé d’Indonésie (voir notre article) et on a beaucoup de plaisir à l’avoir de nouveau avec nous pour nous parler cette fois du Masaï Mara, véritable royaume des animaux où il se rend plusieurs mois par an.

Interview :

Bonjour Patrick, question simple pour commencer : qu’est-ce qui te plaît tant au Masaï Mara ?

Patrick KIENTZ : Mon premier safari dans le Masai Mara remonte à 1988, je vivais alors à Djibouti, et passer d’une zone semi désertique, abritant très peu d’animaux sauvages, à cette savane luxuriante, avec une telle diversité et abondance d’animaux, a été pour moi un véritable enchantement, qui allait marquer définitivement le reste de ma vie. J’ai beaucoup voyagé à travers le Monde, et je compte bien continuer tant que je le pourrai, mais aucun autre endroit n’agit sur moi comme un véritable aimant, que le Masai Mara, aucun autre endroit ne me donne ce sentiment d’être exactement où je dois être !

Les paysages, les lumières, les animaux bien sûr, tant d’espèces charismatiques concentrées sur un territoire au final pas si immense, mais aussi la communauté masai, si accueillante et à la culture si riche, sont autant de raisons pour moi de retourner inlassablement sur ces terres que je considère comme ma deuxième patrie.

Une lionne met bat un lionceau dans la savane du Masai Mara © Patrick KIENTZ

SOUVENIRS DE BROUSSARD

(Photo exceptionnelle de © Patrick KIENTZ ; "Naissance de lionceau dans la savane. Un évènement exceptionnel, et photographié pour la première fois !" voir explications ci-dessous)

Tu dois avoir un paquet d’anecdotes et de souvenirs extraordinaires de tes pérégrinations africaines ; y a-t-il une rencontre qui t’a marquée en particulier et que tu souhaiterais partager avec nous ?

Patrick : J’ai effectivement eu la chance de vivre de fabuleuses rencontres dans le Masai Mara, la plupart d’entre elles alors que j’étais guidé par mon ami Jackson Naurori que j’aide aujourd’hui à développer sa propre structure touristique, Tembo by Jackson.

En novembre 2011, par exemple, nous avons tous les deux eu la chance d’être les témoins d’un évènement extraordinaire, et jamais photographié auparavant, à savoir la naissance d’un lionceau en milieu ouvert. Ce reportage a été diffusé dans beaucoup de pays, et il a fait couler beaucoup d’encre.

Le même mois, moins spectaculaire, mais tout aussi extraordinaire et émouvant, je me souviendrai longtemps d’une journée entière passée avec Jackson à proximité d’un terrier où nous savions qu’une famille de caracals s’était réfugiée. Nous avons su, lorsqu’ils sont sortis de leur cachette et qu’ils ont évolué tranquillement autour de nous, que nous avions eu raison d’être patients !

Je pourrais aussi vous parler de Shingo, la maman guépard avec qui j’ai passé beaucoup de temps en janvier 2010 (en fait j’ai passé les deux semaines de ce safari à ne traiter que ce sujet), qui m’a confié ses six jeunes, les poussant à l’abri sous mon véhicule, pour partir chasser.

Les anecdotes ne manquent effectivement pas, et je n’ai pas le souvenir d’un safari dans le Masai Mara, lointain ou récent, qui n’ait été marqué par une ou plutôt plusieurs rencontres extraordinaires.

Une portée de guépardeaux s'est réfugiée sur la jeep © Patrick KIENTZ

CONSEILS POUR BIEN CHOISIR UN SAFARI PHOTO

(Photo © Patrick KIENTZ ; "Les petits de Shingo à l’abri sous ma voiture, pendant que leur mère part chasser !")

Quels seraient tes conseils au passionné qui décide d’aller faire un safari photo en Afrique ?

Patrick : Le meilleur conseil que je pourrais donner à un passionné de photographie animalière, c’est évidemment de bien choisir sa destination, et son prestataire. On ne se trompe jamais de destination lorsqu’on choisit le Masai Mara, mais il faut aussi choisir soigneusement l’organisateur de ce safari. Et dans ce domaine, le « moins disant » n’est jamais le « mieux disant ». Fuyez comme la peste ces tours operators qui vous proposent sur 8 ou 10 jours de visiter en minibus 4 ou 5 parcs nationaux différents, ils ne font en fait que diminuer artificiellement le prix du safari : vous passerez la moitié du temps sur la route, et très peu de temps dans les réserves qui seules présentent un intérêt pour photographier la faune, mais dont le prix d’entrée est élevé (park fees).

Un safari coûte cher, si vous n’avez la possibilité de faire qu’un seul safari de 8 ou 10 jours dans votre vie, vivez-le à fond, et pour cela ne faites qu’un seul parc, le Masai Mara, et avec le meilleur organisateur !

UN SAFARI MASAI ET EQUITABLE

(Vidéo : Safari au Kenya avec Tembo by Jackson sur Youtube ; réalisation Ronan Fournier-Christol, Songes de Moaï)

Tu participes à l’organisation des safaris ‘Tembo by Jackson’ : peux-tu nous dire en quoi ils sont différents des autres ?

Patrick : Jackson Naurori, je le connais et je l’apprécie depuis plus de douze ans maintenant. C’est lui qui m’a guidé sur mes plus beaux safaris dans le Masai Mara, et je dois à son expertise une grande partie de ma photothèque africaine.

Il y a un peu plus de deux ans maintenant, il m’a demandé si je pouvais l’aider à monter sa propre structure touristique, et c’est comme cela qu’est né « Tembo by Jackson », la première, et toujours la seule, société de tourisme, près de 60 ans après l’indépendance du Kenya, qui appartienne à 100 % à un kényan, masai de surcroit. La devise de Tembo by Jackson est d’ailleurs « The Masai Identity ». Comme j’ai la chance de ne plus avoir de contrainte professionnelle c’est un immense plaisir pour moi d’aider un ami à réaliser ses rêves et ce de manière totalement bénévole.

Le camp de Jackson est luxueux, petit (6 tentes seulement), mais surtout idéalement placé au cœur même de la réserve, contrairement à beaucoup de camps concurrents qui sont à l’extérieur et où les visiteurs doivent, laborieusement, franchir la « gate » matin et soir pour entrer et sortir de la réserve. Les véhicules sont remarquablement équipés, y compris pour les prises de vues au ras du sol, et nombre d’équipements novateurs proposés dès le démarrage de son activité par Jackson sont depuis généreusement copiés… la concurrence a du bon…

Jackson fournit aux safaristes qui restent au moins 8 jours sur place un permis de circuler hors-piste, qui permet d’optimiser de façon considérable les possibilités photographiques. Ajoutez à cela une équipe d’une vingtaine de guides, cuisiniers, mécaniciens, serveurs, tous aux petits soins, et tous masais, fiers de travailler pour Jackson qui est universellement aimé et respecté par sa communauté, et vous avez tous les atouts pour effectuer un inoubliable safari

Mais Tembo by Jackson, ce n’est pas qu’un opérateur de safari supplémentaire (il y en a plus de 200 dans le Masai Mara). C’est aussi une société éthique, qui s’investit corps et âme dans le soutien à la communauté masai : soutien aux écoles, aide aux familles défavorisées, support à l’éducation, soutien de programmes d’accès à l’eau potable. Jackson est également le président de « Cheetah Guardian Organization », une association kényane de protection des guépards. Nous avons, il y a quelques semaines, créé avec Jackson une association, Masai Mara Solidarity, pour structurer l’ensemble de ces projets qui portent sens.

L’épidémie de Covid 19, vous l’imaginez bien, au-delà de la catastrophe sanitaire mondiale, est aussi une catastrophe économique, en particulier pour une jeune société en plein développement. Le Kenya semble pour l’instant épargné par le virus, à l’heure où j’écris ces lignes, aucun cas n’a été diagnostiqué dans le Comté de Narok, chef-lieu du pays masai.

Beaucoup s’interrogent sur ce qui se passera après l’épidémie, changerons-nous nos habitudes, y compris alimentaires ?

On peut aussi légitimement s’interroger sur notre façon de voyager. Choisir Tembo by Jackson pour ses safaris, c’est aussi faire un choix éthique, et avoir la satisfaction de participer au développement local… qui est probablement la voie la plus efficace pour lutter contre le braconnage. Aider les hommes, c’est aussi protéger la faune.

 

Le site web de Tembo by Jackon

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La page Facebook les Livres de Patrick KIENTZ

contact@tembobyjackson.com

Crédit article : Julien PIERRE et Patrick KIENTZ

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