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Les amphibiens, reptiles et serpents les plus venimeux

10 Décembre 2020

(Photo : Vipère aspic © Thomas PIERRE)

Certaines espèces animales ont la capacité de secréter des substances toxiques qu’elles vont utiliser comme arme de dissuasion, pour se défendre ou pour paralyser leurs proies et prédateurs voire les tuer. Anigaïdo consacre une série d’articles aux animaux venimeux, ces espèces étonnantes du règne animal.

Faisant suite à notre premier article sur les animaux venimeux dans lequel nous avons parlé de ce qu’est le venin et ses effets, et présenté des espèces venimeuses chez les invertébrés, les poissons, les oiseaux et mammifères, nous vous emmenons cette fois-ci à la découverte d’espèces étonnantes chez les amphibiens (classe comprenant les grenouilles et crapauds) et les reptiles, dont le serpent est probablement (avec les araignées et les scorpions que nous aborderons dans un prochain article) la créature la plus emblématique parmi ces redoutables empoisonneurs de la nature : les morsures de serpents (et les piqûres de scorpions) provoquent jusqu’à 150.000 morts par an, essentiellement dans les pays aux climats tropicaux où vivent la majorité des espèces venimeuses.

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LA PLUPART DES AMPHIBIENS SONT VENIMEUX

(Photo : Crapaud calamite © Eric PENET)

Il existe à ce jour 5.000 espèces d’amphibiens identifiées, des animaux vertébrés apparus il y a 370 Millions d’années. Leur cycle de vie est étroitement lié à l’eau douce, certains batraciens y passant l’intégralité de leur existence tandis que d’autres y passent leur jeunesse à l’état de têtard avant d’embrasser par la suite un mode de vie plus terrestre, même si ils regagnent les zones humides et marais pour s’y reproduire, à l’image de l’étonnant crapaud du Colorado Incilius alvarius. Aussi appelé crapaud du désert, il peut atteindre 16 cm de long, et vit dans les zones arides du nord-ouest des Etats-Unis et du désert de Sonora au Mexique. Caché le jour dans des terriers abandonnés, il recherche dans son environnement la proximité des cours d’eau et des mares temporaires… tout en cherchant à éviter les humains amateurs de paradis artificiels qui se revendent sa peau séchée riche en substance psychotrope !

Car à l’image de la majorité de ses congénères batraciens, le crapaud du désert est vénéneux. Un grand nombre d’espèces d’amphibiens ont sous la peau des glandes parotoïdes qui sécrètent une substance toxique puissante qui leur sert à la fois d’antiseptique et dissuade leurs prédateurs de s’y frotter et de les manger. Et pas besoin de voyager à l’autre bout du monde pour trouver des amphibiens toxiques : c’est aussi le cas d’espèces courantes comme le crapaud commun ou le crapaud calamite, qui sécrètent une substance blanchâtre épaisse et crémeuse qu’ils éjectent lorsqu’ils se sentent menacés ou lorsque leur corps subit une pression. Leur venin ne traverse pas la peau mais il est toxique lorsqu’il est en contact avec la bouche ou les yeux. Vous l’aurez compris, mieux vaut éviter de manipuler ces espèces à mains nues et en tenir Médor à distance !

Si les tritons, le pleurodèle de Waltl, la salamandre géante du Japon (qui peut atteindre 1,40 m de long !) ou encore les étranges cécilies (des amphibiens tropicaux de l’ordre des Gymnophiones sans pattes qui ressemblent à des vers et sont dotées de glandes à venin près des dents) sont capables de sécréter du poison, les stars incontestables en la matière parmi les amphibiens, ce sont les dendrobates, ces petites grenouilles sud-américaines très colorées !

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GRENOUILLES VENIMEUSES ET FLECHETTES EMPOISONNEES

(Photo : Grenouille dorée © Julien PIERRE - la plus venimeuse !)

C’est en Amérique Centrale et en Amérique du Sud que l’on trouve les amphibiens les plus venimeux du monde, des grenouilles de la famille des Dendrobatidés. Ces petits amphibiens de quelques cm ont trouvé dans les forêts tropicales humides locales un milieu propice à leur épanouissement. Chaleur constante (les batraciens sont des animaux à sang froid qui ont besoin de chaleur, même si les espèces les plus septentrionales ont développé une incroyable capacité à geler complètement sans pour autant mourir), taux d’humidité constant et très élevé qui assure la nécessaire humidification permanente de leur peau, couvert protecteur de la végétation exubérante : dans cet habitat, les dendrobates ont même pris la liberté d’être actifs la journée et développer un mode de vie arboricole sans forcément devoir vivre à proximité de l’eau (vu qu'elle est omniprésente dans les forêts pluviales !).

Ces grenouilles se déclinent en une grande variété d’espèces très colorées aux motifs flashy. S’afficher ainsi lorsqu’on est un petit animal a priori fort vulnérable annonce la couleur : qui s’y frotte finira très très irrité, voire totalement paralysé ou carrément raide mort ! Appelées «poison dart frogs » en anglais, soit les 'grenouilles des fléchettes empoisonnées', les amphibiens de la famille des dendrobatidés sécrètent un venin neurotoxique sur leur peau qui leur sert de mécanisme de défense chimique, et leurs couleurs vives servent de signal visuel pour dissuader les prédateurs. Des tribus amérindiennes avaient pour coutume de frotter des épines sur la peau des espèces sécrétant le poison le plus virulent, épines que les chasseurs projetaient ensuite à l’aide de leurs sarbacanes sur les pécaris, les cabiais ou les tapirs, une technique redoutablement efficace qui entraînait la mort rapide des proies par arrêt cardiaque.

Si tous les dendrobatidés sécrètent des substances toxiques (la batrachotoxine, l’épibatidine), toutes ne sont en réalité pas mortelles et quelques espèces seulement fabriquent ce poison capable de foudroyer un être humain en 10 minutes, dont notamment la grenouille dorée Phyllobates terribilis de Colombie, et la phyllobate à bande dorée Phyllobates aurotaenia, aussi appelée Kokoï. L’origine de la toxicité des dendrobates se trouverait dans leur alimentation, notamment des fourmis, insectes et arthropodes eux-mêmes venimeux, car les dendrobates perdent leur caractère vénéneux en captivité quand ils changent de régime alimentaire.

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LES REPTILES VENIMEUX

(Photo : Héloderme perlé © Julien PIERRE ; Heloderma horridum est aussi connu sous les noms de lézard perlé, héloderme mexicain, héloderme horrible ou encore héloderme granuleux)

Si comme nous venons de le voir il existe chez les amphibiens un grand nombre d’espèces capables de sécréter via leur peau des substances toxiques avant tout pour se défendre (à l’exception des cécilies qui peuvent donc infliger une morsure venimeuse), il existe dans le règne animal une autre classe d’animaux vertébrés réputée pour sa capacité à fabriquer du venin : les reptiles !

Au sein de cette classe qui se divise en 4 grands ordres, seul celui des lézards et des serpents (les squamates) comprend des espèces venimeuses. Les tortues (ordre des chéloniens), les caïmans, crocodiles et alligators (ordre des crocodiliens) et les sphénodons ou hattérias (ordre des rynchocéphales ne comprenant que 2 espèces étranges qui vivent isolées sur des ilots au large de la Nouvelle-Zélande) ne comptent dans leur rang aucune espèce venimeuse.

Si évidemment nous aborderons plus avant le cas des serpents, intéressons-nous pour commencer à quelques espèces de lézards venimeux.

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LES LEZARDS VENIMEUX : HELODERME, MONSTRE DE GILA ET VARAN DE KOMODO

(Photo : Varan de Komodo © Julien PIERRE)

Jusqu’à récemment on recensait seulement deux espèces de lézards officiellement venimeuses : le monstre de Gila et l’héloderme perlé du Mexique, uniques représentants actuels de la petite famille des Helodermatidés, des gros lézards placides à la peau noire et motifs jaunes-orangés qui vivent dans des zones arides et déserts d’Amérique du Nord et d’Amérique Centrale. Dotés de glandes à venin, ils inoculent leur poison dans les plaies des morsures qu’ils infligent avec des crochets situés sur la mâchoire inférieure. Comme les serpents, ils mordent violemment leur proie et la tiennent fermement jusqu’à ce que le venin fasse effet. Pour l’homme, leur morsure peut s’avérer particulièrement douloureuse mais n’est a priori pas fatale (monstre de Gila) ou rarement mortelle (héloderme perlé).

Si on a longtemps cru que c’était le bain de bactéries pullulant dans sa bouche qui s’avérait fatal à ses proies en cas morsure, il semble que le redoutable varan de Komodo ait lui aussi des glandes à venin, rejoignant ainsi le monstre de Gila et l’héloderme dans le petit club très fermé des lézards venimeux. A noter que ces trois compères appartiennent à l’ordre (ou sous-ordre, selon la classification) des anguimorphes, une superfamille très ancienne de lézards qui comprend également l’orvet, les varans et les redoutables mosasaures, ces reptiles marins géants aujourd’hui disparus qui faisaient régner la terreur dans les océans durant le Crétacé (de – 145 à – 66 Millions d’années).

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DE L’ANACONDA A LA VIPERE YARARA CHICA, LA GRANDE FAMILLE DES SERPENTS

(Photo : Mamba vert - Pixabay - Foto-Rabe - CC0)

De sa simple représentation sous la forme d’un trait au sol chez les Pygmées du Sud Cameroun à la tradition Indienne qui veut que la femme qui désire un enfant adopte un cobra, du serpent tentateur (Satan déguisé) qui pousse Eve à croquer le fruit défendu dans la théologie chrétienne au serpent d’Epidaure enroulé autour d’un bâton ou de la coupe d’Hygie (le caducée des médecins et  pharmaciens), le serpent est un animal chargé de symboles. Porteur de nombreuses significations dans toutes les cultures humaines, le serpent est tour à tour une représentation de la mort, du pêché, de l’inconscient, des forces primales, du cyle perpétuel de la vie (la roue formée par le serpent qui se mort la queue), ou encore de la médecine.

Les serpents sont des Ophidiens, un sous-ordre des squamates aussi appelé SerpentesDescendants de lézards terrestres du Crétacé (– 145 à – 66 Millions d’années) qui auraient progressivement perdu leurs pattes, ils sont les reptiles les plus ‘récents’ dans l’évolution par rapport aux tortues et crocodiles.

On recense à ce jour plus de 3.000 espèces de serpents dont seulement 15% seraient officiellement venimeuses, un chiffre en trompe l’œil car la proportion des serpents produisant des substances toxiques assimilables à du venin serait en réalité bien plus élevée : 2.700 espèces de serpents sont venimeuses sur les quelque 3.500 existantes d’après le biochimiste Australien Bryan Grieg Fry surnommé ‘Docteur Venin’ (Venom Doc), un professeur passionné qui a dédié sa vie à l’étude des espèces venimeuses. Sans rentrer dans le détail de la classification complexe et en perpétuelle évolution des serpents, retenons que l’on trouve leurs représentants les plus venimeux dans trois familles : les Colubridés, les Elapidés et les Vipéridés.

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COULEUVRES, SERPENT RATIER ET BOOMSLANG, L’ARMEE DES COLUBRIDES

(Photo : Serpent ratier des mangroves © Julien PIERRE)

Deux espèces de serpents sur trois appartiennent la grande famille des Colubridés, qui compte donc la majorité des espèces, incluant des Ophidiens tels que les serpents ratiers, les serpents-rois, les couleuvres, le serpent-taureau ou encore le serpent des mangroves. Parmi ces 2.000 et quelques représentants, un tiers d’entre eux possèdent un organe qui produit du venin qu’ils inoculent par capillarité dans les plaies qu’ils infligent avec leurs crochets.

La caractéristique commune des colubridés à venin est qu’ils possèdent des crochets pleins situés à l’arrière de leur mâchoire. Le venin coule dans un sillon avant de se diffuser par la plaie de la morsure, mais pour réussir à l’injecter, ils doivent mordre fermement leur proie et la maintenir le temps de leur injecter leur poison. Et comme leur venin est souvent peu actif (pour ceux qui en ont), les colubridés privilégient souvent des techniques de chasse basée sur l’étouffement de leur proie, à la manière des anacondas, boas et pythons (superfamille des Hénophidiens) qui tuent par constriction.

SERPENT VOLANT ET BOOMSLANG, DES COLUBRIDES VENIMEUX

(Vidéo : 'Le serpent volant, spécialiste du vol plané entre les arbres' - chaîne : National Geographic Wild France sur Youtube)

La plupart du temps les colubridés sont des animaux qui, lorsqu’ils sont acculés, vont privilégier des parades d’intimidation (gonfler leur cou, se redresser, faire vibrer leur queue ou siffler bruyamment) pour dissuader l'assaillant. Certaines espèces venimeuses s’avèrent toutefois dangereuses par leur propension à mordre facilement et parce que leur venin est assez puissant.

Ainsi le surprenant serpent ‘volant’ Chrysopelea ornata, surnommé ainsi parce qu’il plane (il étend ses côtes pour se faire plus large !) en se jetant du haut des arbres des forêts tropicales d’Asie, est une couleuvre verte à motifs noirs qui peut atteindre 1,20 m de long et inflige à ses proies une morsure puissante qui n’est certes pas mortelle pour l’être humain mais suffisamment efficace pour immobiliser ses proies avant qu’il ne les enfourne tête la première.

Le plus redoutable des Colubridés venimeux est probablement le boomslang (du hollandais ‘boom’ qui signifie arbre) ou serpent des arbres Dispholidus typus, un serpent arboricole des savanes d’Afrique subsaharienne. Doté d’une très bonne vision grâce à ses grands yeux, et d’un long corps fin aux couleurs variées mesurant jusqu’à 1,80 m de long, il est réputé craintif… Mais gare à sa morsure car il produit un venin hémotoxique très puissant dont une dose suffit à tuer un être humain, poison d’autant plus dangereux qu’il met plusieurs heures à agir sur l’organisme.

COBRAS, MAMBAS ET TAÏPANS, LE GANG DES ELAPIDES LES SERPENTS TUEURS

(Vidéo : 'Vidéo rare ! Le serpent tricot rayé attaque une murène' - Chaîne : National Geographic Wild France sur Youtube)

Avec la famille des Elapidés, c’est une autre histoire que les Colubridés. Chez ces serpents des zones tropicales et subtropicales (Asie, Océanie, Afrique, Amérique du Sud), qui représentent une espèce de serpent sur dix, c’est simple : tout le monde produit du venin. Proches des Colubridés, leurs crochets à venin fixes sont cette fois situés à l’avant de leur mâchoire supérieure, ce qui facilite grandement leur capacité à mordre. Si toutes les espèces ne sont pas mortelles pour l’homme, les Elapidés comptent dans leurs rangs quelques représentant extrêmement dangereux comme le serpent-tigre australien Notechis scutatus, un animal craintif qui gonfle son cou façon cobra et peut injecter de grandes quantités de venin neurotoxique, les serpents corail, des Ophidiens venimeux du continent américain aux bandes de couleurs verticales caractéristiques façon chaussettes rayées, et les étonnants serpents de mer, qui vivent et se nourrissent près des côtes dans les récifs coralliens et les mangroves.

Il existe une quarantaine de serpents marins dont Laticauda colubrina, le serpent à queue plate couramment appelé tricot rayé ou encore cobra de mer, qui vit en Asie du Sud-Est. Le venin des serpents de mer est très toxique, bien plus puissant que celui des espèces terrestres, mais ils sont dotés de petits crochets incapables de percer une combinaison par exemple.

Autres espèces d’Elapidés à la morsure mortelle mais au mode de vie terrestre plus classique, la vipère de la mort Acanthophis antarcticu, qu’on trouve en Australie, et la vipère de la mort du Nord Acanthophis praelongus, qu’on trouve au nord de l’Australie, en Papouasie-Nouvelle Guinée et en Indonésie. Malgré leur tête triangulaire et leur nom, elles n’appartiennent pas à la famille des ‘vraies’ vipères (dont nous parlons plus loin) mais leur morsure est potentiellement mortelle pour l’être humain. Il existe neuf espèces de vipères de la mort et elles comptent parmi les animaux les plus venimeux au monde, injectant par morsure des doses massives d’un puissant venin neurotoxique qui peut entraîner la mort par asphyxie en six heures…

MAMBAS AFRICAINS ET TAÏPANS AUSTRALIENS, LES SERPENTS LES PLUS VENIMEUX AU MONDE

(Vidéo : 'Une goutte du venin de ce serpent peut tuer 250 000 souris' - Chaîne : National Geographic Wild France sur Youtube)

En Afrique, on trouve les mambas, des grands serpents élancés à la tête fine que l’on trouve dans les forêts et savanes à l’est et au sud du continent, de redoutables prédateurs qui peuvent dépasser les 2 m de long. Côté pile, le mamba vert, un chasseur vif et agile qui passe l’essentiel de son temps dans les arbres où il chasse des oiseaux. Son venin est redoutable mais il n’est pas réputé s’attaquer à l’homme. Côté face, le terrifiant mamba noir (qui est en réalité plutôt gris sauf l’intérieur de sa gueule entièrement noire), serpent aussi à l’aise au sol que dans les arbres et arbustes, un des serpents les courants et les plus grands (4 m de long !) d’Afrique. Il est réputé, à raison, être un des serpents les plus dangereux au monde ! Son venin, qui contient des cardiotoxines et des neurotoxines, est un des plus puissants du règne animal, un poison foudroyant qu’il injecte en doses généreuses : de 100 et 120 mg de venin par morsure, de quoi tuer entre 12 et 40 hommes en une fois…

Réponse australienne aux mambas, le taïpan Oxyuranus est un serpent de la famille des Elapidés qui s’y décline en trois espèces à l’apparence relativement anodine, des reptiles longs et graciles qui mesurent dans de 2 à 3,5 m de long. Prédateurs réputés pour leur vitesse redoutable, ils chassent des oiseaux, des reptiles ou encore des petits mammifères en se glissant dans leur terrier. Craintifs, leur première option face à l’homme sera plutôt la fuite mais si d’aventure ils se pensent acculés, prenez garde ! Le taïpan du désert Oxyuranus microlepidotus, aussi appelé serpent féroce ou encore Dandarabilla chez les Aborigènes, vit dans les zones arides du centre de l’Australie. Il est réputé être lanimal terrestre le plus venimeux du monde, capable d’infliger une morsure empoisonnée dont une seule dose de venin peut potentiellement tuer une centaine d’hommes adultes en une heure, soit plus du double du score du mamba noir.

LES COBRAS, LES SERPENTS QUI COMPTENT LE PLUS DE VICTIMES HUMAINES

(Vidéo : 'Le cobra cracheur du Mozambique' - Chaîne : National Geographic Wild France sur Youtube)

On trouve des cobras en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, au total plus d’une trentaine d’espèces du genre Naja sans compter le géant cobra royal qui appartient au genre Ophiophagus distinct. Ce sont des serpents célèbres pour leur façon de se redresser en sifflant et aplatir leur cou en élargissant leurs côtes pour former comme une  capuche. En s’élargissant ainsi, ils veulent dissuader leur agresseur et mordront si d’aventure cela s’avère nécessaire. Leur venin n’est pas parmi les plus virulents mais il s’avère très dangereux car ils en injectent une grande quantité quand ils mordent, son action neurotoxique paralysant littéralement leur proie parfois jusqu’à la tuer par asphyxie en bloquant ses muscles respiratoires. On trouve chez les cobras des serpents cracheurs (cobra cracheur du Mozambique, cobra cracheur à cou noir) qui projettent leur venin à distance sur plusieurs mètres en visant les yeux de leur cible. Chez ces espèces, le venin est un cocktail d’agents neuro, cardio et cytotoxiques qui peut provoquer une cécité temporaire et endommager la cornée !

Si ce sont surtout les jeunes cobras ou les individus surpris ou menacés qui se révèlent agressifs, le cobra est le serpent qui compte le plus grand nombre de victimes humaines : en Inde, le cobra Naja naja, aussi appelé ‘serpent à lunettes’ en raison des motifs qui apparaissent lorsqu’il déploie son large capuchon, est un animal sacré qui vit dans une grande promiscuité avec l’homme, multipliant ainsi les probabilités de rencontres fatales. Peu de risque en revanche pour les charmeurs de serpents qui hypnotisent les serpents par le mouvement régulier de leur instrument (les serpents sont presque sourds, ils perçoivent davantage les vibrations du musicien qui tape du pied) car ils ôtent les crochets à venin des cobras…

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LES VIPERES ET LES CROTALES, SERPENTS LES PLUS EVOLUES

(Photo : Crotale du Texas Pixabay - skeeze - CC0)

Dernière famille emblématique des reptiles venimeux, les Vipéridés, peut-être les serpents les plus évolués, que l’on reconnaît à leur courte queue et leur tête triangulaire. Si on trouve des représentants des vipéridés dans les pays tropicaux (redoutable vipère du Gabon), certaines espèces sont également présentes dans des régions et habitats plus septentrionaux car elles résistent mieux au froid avec leur corps tapu et boudiné et se mettent en sommeil à l’abri dans un abri ou un terrier aux mauvais jours. Contrepartie de ce métabolisme lent, les vipéridés sont des serpents qui se reproduisent plus lentement que les autres familles, tous les 2-3 ans seulement. Les vipéridés sont majoritairement ovovivipares (les œufs éclosent dans la femelle et celle-ci expulse des petits déjà formés).

Une autre spécificité des vipéridés, c’est qu’elles possèdent des longs crochets à venin articulés (ils sont fixes chez les autres serpents) à l’avant de leur gueule et directement reliés à de grosses glandes à venin sur leur palais. La composition du venin diffère d’une espèce à l’autre, mais toutes les vipères injectent des doses massives qui peuvent provoquer des hémorragies internes.

Parmi les vipéridés, on trouve la vipère aspic, la vipère d’Orsini et la vipère péliade (les trois espèces que l’on peut observer dans l’Hexagone) mais aussi les serpents à sonnette américains, les redoutables crotales au venin potentiellement mortel tel celui du crotale diamantin Crotalus atrox qui peut tuer un homme en une heure ! On les appelle serpents à sonnette car au lieu de siffler comme les vipères, les crotales font vibrer les écailles de leur queue les unes contre les autres pour émettre un son qui fait penser à un maracas.   

Citons enfin trois autres représentants américains des vipéridés dont il veut mieux éviter de croiser la route : le mocassin d’eau, un serpent à la morsure dangereuse qui vit dans les marais et rivières du sud-est des Etats-Unis ; la vipère Yarara chica Bothrops neuwiedi, aussi appelée Jararaca ‘peinte’ qui vit en Argentine où elle est le serpent qui détient le record du nombre de morsures dans le pays ; et le terrible ‘maître de la brousseLachesis muta, habitant des forêts tropicales et prairies de l’Amérique Centrale et du nord du bassin de l’Amazonie. Ce dernier, que les guyanais appellent aussi le grage grands carreaux, est la plus longue des vipères (2,50 à 3,60 m de long !) et une des plus venimeuses. Elle est également une des rares espèces de vipères à pondre des œufs (oviparité), la femelle veillant ceux-ci jusqu’à éclosion.

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QUE FAIRE EN CAS DE MORSURE PAR UN SERPENT VENIMEUX ?

(Photo : Vipère Aspic © Thomas PIERRE)

Tout d’abord, autant prévenir que guérir, commençons par quelques conseils pour éviter de se faire mordre par un serpent ! Sous nos latitudes, c’est aux beaux jours, d’Avril à Septembre, que vous avez le plus de chance de croiser des serpents car ils recherchent alors la chaleur du soleil et rechargent par exemple leurs batteries en commençant leur journée par un bain de soleil en s’exposant sur une pierre qui réfléchit la chaleur. Comme les serpents voient mal et sont presque sourds, le conseil que l’on peut vous donner, c’est d’utiliser un bâton pour taper le sol et marcher bruyamment dans une zone où ils peuvent être présents (bord de champs, prairie pierreuse, garrigue, broussaille, routes (qui sont de véritables pièges à reptiles car elles réfléchissent la chaleur) ou encore bords de rivières). Sensibles aux vibrations émises, il est probable qu’ils prendront la fuite. Les serpents apprécient également de se terrer sous les tas de bois, sous une botte de paille ou les plaques de tôles quand le soleil chauffe, ces abris leur offrant à la fois la chaleur, l’ombre et l’humidité qu’ils apprécient.

Vipères et couleuvres ne chercheront à mordre que si elles se sentent menacées : elle vont siffler et se gonfler pour se donner un aspect plus impressionnant, mais chercheront toujours à se sauver en premier lieu. Et pour relativiser la peur de se faire mordre par un serpent, sachez également qu'on recense moins de 400 morsures par an en France, et que les serpents n’injectent pas non plus toujours du venin lorsqu’ils mordent : ces morsures défensives, appelées morsures sèches, sont certes douloureuses et il convient de les désinfecter, mais le danger s’arrête là.

Voici quelques conseils prodigués sur le site Internet Allodocteurs pour bien réagir en cas de morsure de serpent (symptômes : 2 points, douleur vive, œdème, rougeur) :

  • Le premier réflexe est d’appeler les secours (le 15, le 18 ou le 112)
  • Dans l’attente des secours, il faut calmer la personne et la tenir immobile car le venin met plusieurs heures à se diffuser et l’énervement favorise sa diffusion. Placer la victime en position latérale de sécurité si elle perd connaissance.
  • Si possible, nettoyer la plaie avec un antiseptique et enlever les bagues et tout ce qui serre autour de la zone de la morsure qui va gonfler.
  • Utiliser uniquement du paracétamol en cas de douleur et dans l’idéal, essayer de se souvenir de l’apparence du serpent.
  • Pas de garrot, pas de compresse, ne pas aspirer le venin avec sa bouche, ne pas inciser, pas de pommade ni de glace.

Cet article vous a plus ? Saviez-vous qu’il existe des oiseaux et des mammifères venimeux ? Lisez notre autre article sur les animaux venimeux où on vous parle notamment des méduses, des poissons venimeux ou encore des mammifères qui sécrètent des substances toxiques comme la taupe !

Crédit article : Julien PIERRE

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