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Ornithorynque, titanosaure, pygargue, mille-pattes et macaque

6 Février 2021

(Photo : Ornithorynque au Musée Field de Chicago © Julien PIERRE)

Pour nous changer un peu du Covid, voici cinq actualités nature extraordinaires qui ont retenu notre attention ces derniers temps. Du titanosaure à l’ornithorynque, de Bali à la Roumanie, une petite revue de presse pour s’émerveiller d’observations et de découvertes scientifiques récentes !

L’ORNITHORYNQUE N’EN FINIT PLUS DE SURPRENDRE

(Vidéo : 'L'ornithorynque, un des mammifères les plus étranges du règne animal' - Chaîne Brut sur Youtube)

Véritable kamoulox vivant de la nature, l’ornithorynque continue encore d’étonner les biologistes. Au-delà de ses déjà nombreuses étrangetés que nous vous détaillons sur la fiche Anigaïdo de l’ornithorynque et dans notre article sur les mammifères venimeux (!), deux études récentes sont encore venues en rajouter sur le cas de cet animal si bizarre.

En Novembre 20, un article de sciencepost.fr revenait sur une étude publiée dans la revue scientifique américaine ‘Mammalia’, étude qui relatait l’étrange découverte que des chercheurs avaient faite en photographiant dans une pièce noire des spécimens naturalisés du Field Museum de Chicago : notre ami le platypus (son nom anglais) brille dans le noir, ou plus exactement son pelage est biofluorescent et revêt des teintes vertes et bleues quand il est exposé à la lumière ultraviolette ! Les hypothèses quant à cette capacité vont bon train et appellent à être confirmées par des études de terrain, mais sa biofluorescence pourrait permettre à l’ornithorynque de communiquer avec ses congénères ou encore de devenir invisible aux yeux de ses prédateurs lorsqu’il est actif au crépuscule et durant la nuit.

En Janvier 2021, c’est le site trustmyscience.com qui rapportait les découvertes d’une étude publiée sur le site nature.com suite au premier séquençage complet du génome d’un ornithorynque mâle. Cette carte génomique a révélé que le seul représentant des monotrèmes (avec les échidnés, ces drôles de hérissons à trompe) avait des gènes communs avec les oiseaux, les reptiles et les mammifères. Plus avant, cela laisse supposer qu’il aurait divergé des autres mammifères il y a de cela 187 Millions d’années tout en conservant pas mal de ses caractéristiques primitives. L’analyse de ses 10 chromosomes sexuels (encore une singularité de notre ami dans le règne animal) semblent plutôt le placer du côté des oiseaux (comme eux il pond des œufs), même si il possède aussi les gènes de la lactation des mammifères puisqu’une fois ses petits nés, la femelle les allaite à l’aide de glandes mammaires.

DECOUVERTE DU PLUS GRAND DINOSAURE DE TOUS LES TEMPS ?

(Vidéo : 'Le Patagotitan' – Chaîne Nat Geo France sur Youtube ; Patagotitan mayorum est-il le plus grand dinosaure de tous les temps ? Plus si sûr…)

Si on a longtemps pensé que côté dinosaures, c’était les brontosaures (- 156,3 et – 146,8 Ma, Amérique du Nord) et le diplodocus (- 154 et – 152 Ma, Amérique du Nord) qui détenaient les records de taille et de poids des plus grandes créatures terrestres ayant jamais existé sur notre planète, avec respectivement 22 m de long (Brontosaurus excelsus) pour un poids de 18 tonnes (Brontosaurus yahnahpin) et 30 m de long pour un poids de 24 tonnes pour Diplodocus hallorum, force est de constater qu’il s’agissait là finalement de ‘petites’ créatures avant la découverte des titanosaures. Des restes de ces sauropodes géants, apparus plus tardivement que leurs cousins (- 101,6 Ma), ont été découverts sur tous les continents et suggèrent qu’ils étaient alors les herbivores dominants sur la planète. Moins connus que leurs prédécesseurs, ils les dépassaient en taille et en poids, avec une longueur de 36 m et un poids estimé de 63,5 tonnes !

La découverte récente d’ossements de queue et d’éléments des ceintures pelvienne et pectorale d’un sauropode géant en Argentine et relayée par Lemonde.fr en Janvier 2021 semble remettre en jeu le titre du plus grand dinosaure de tous les temps ! La taille des éléments excavés laisse supposer que l’animal concerné, dont l’espèce n’a pas encore été identifiée, dépasserait de 10 à 20 % celle de Patagotitan mayorum, un sauropode exhumé en 2017 en Patagonie qui appartenait au groupe des titanosaures et atteignait déjà 40 m de long pour un poids estimé à 70 tonnes. A titre de comparaison, la baleine bleue, aussi appelée rorqual bleu, la plus grande et la plus massive créature du règne animal actuel, atteint les 30 m de long pour un poids de 170 tonnes !

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LE MILLE-PATTES DE LA GROTTE DE MOVILE

(Photo : Cryptops speleorex (holotype) - Wikimedia Commons - Vahtera V., Stoev P., Akkari N. - Five million years in the darkness A new troglomorphic species of Cryptops Leach, 1814 (Chilopoda, Scolopendromorpha) from Movile Cave, Romania - ZooKeys - CC BY 3.0)

Découverte en 1986, la grotte de Movile en Roumanie est probablement un des endroits les plus hostiles au monde, une grotte immergée en Roumanie dans la région de la Mer Noire et dont on estime qu’elle est complètement coupée de l’extérieur depuis 5,5 Millions d’années.

Taux d’humidité extrême, obscurité, air vicié et toxique chargé de sulfure d’hydrogène, ce gaz inflammable à l’odeur d’oeuf pourri : les conditions y sont particulièrement extrêmes et pourtant la vie y est bien présente sous la forme de bactéries et même… d’un mille-pattes découvert récemment et dont Sciences et Avenir relatait récemment la découverte.

La grotte de Movile fascine depuis sa découverte car elle héberge un écosystème endogène, hébergeant des formes de vie uniques qui se sont donc développées en autarcie complète. La chaîne de la vie y repose ainsi sur des bactéries qui prolifèrent à la surface de l’eau en synthétisant les molécules nourricières de l’eau et du dioxyde de carbone. Celles-ci sont consommées par d’autres bactéries qui elles-mêmes nourrissent plus de 50 espèces de petits invertébrés. Tout en haut de la chaîne alimentaire, le mille-pattes Cryptops speleorex est, du long de ses 5 cm, le super prédateur de cet écosystème, un arthropode apparenté à ses cousins de la surface mais devenu une espèce à part entière en s’adaptant à la vie dans ce véritable enfer souterrain.

Cet écosystème extrême rappelle les poches de vie que l’on trouve au plus profond des abysses avec les communautés animales chimiosynthétiques qui se développent dans des conditions infernales à proximité immédiate des fumeurs noirs, des cheminées hydrothermales qui crachent un fluide bouillant et chargé de métaux et de sulfures qui a été directement au contact du magma de la croûte océanique. Des conditions extraordinairement hostiles pour le développement de la vie qui ne sont pas sans rappeler ce à quoi la Terre a dû ressembler à ses débuts…

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UN PYGARGUE A QUEUE BLANCHE OBSERVE DANS LA CREUSE !

(Photo : Pygargue à queue blanche © Didier LOYER)

Comme le relatait France 3 Nouvelle Aquitaine, un pygargue à queue blanche juvénile a été observé pendant quelques jours fin Décembre 2020 dans la Creuse sur le site de l’étang des Landes à Lussat (23), réserve naturelle nationale et havre de nature préservée où certains oiseaux viennent faire une étape lors de leurs migrations. Cette observation rarissime, qui a ravi les amoureux de nature, est la sixième constatée de cette espèce depuis 1996.

Il faut dire que le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), grand cousin du célèbre pygargue à tête blanche américain, est rarement observé sous nos latitudes, même s’il arrive que certains individus viennent passer l’hiver en France du côté du Jura ou des lacs de Champagne dans l’est. Se nourrissant essentiellement de poissons et d’oiseaux aquatiques ou leurs dépouilles, ce géant vit sur les côtes ou à proximité des lacs et des rivières et peut atteindre 2,40 m d’envergure. A titre de comparaison, l’aigle royal mesure 2,25 m d’envergure et le vautour fauve 2,65 m. C’est un oiseau qui nidifie l’été le long d’une large bande au nord de l’Eurasie, de la Scandinavie à la Russie. L’hiver les populations migratrices du nord descendent vers l’Europe centrale, le Moyen Orient, le sud de la Baltique et les cotes chinoises et japonaises. Certaines populations qui vivent dans le nord de l’Europe, entre la Mer Noire et la Mer Caspienne et en Europe Centrale sont sédentaires.

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LES MACAQUES DE BALI CONNAISSENT LA VALEUR DES OBJETS QU’ILS VOLENT

(Photo : Macaque crabier à Bali © Alain PLATEL)

A Bali, une communauté de macaques crabiers (Macaca fascicularis), aussi appelés macaques à longue queue, s’est fait une spécialité du vol et recel d’objets humains de valeurs dans le Temple d’Uluwatu ! Des chercheurs ont en effet découvert que la communauté des primates installée dans ce temple du IXème siècle à l’extrême sud de l’île indonésienne a développé une expertise unique quand il s’agit de dérober aux touristes leurs biens les plus précieux. En ciblant ici un portefeuille ou là un smartphone, les singes semblent avoir intégré le fait que les récompenses qu’ils obtenaient pour la restitution de ces biens à leurs propriétaires étaient nettement plus intéressantes qu’en volant de simples colifichets.

Reprenant une étude de Janvier 2021 publiée par ‘The Royal Society Publishing’ intitulée ‘Comportements économiques chez les primates non-humains’ (préfacée par l’éminent primatologue Frans de Waal) et dans laquelle les comportement des singes face aux touristes ont été filmés pendant plus de 9 mois, le site 20minutes.fr explique que les primates entrent en négociation avec le propriétaire du bien et sont capables de patienter jusqu’à 17 minutes avant de restituer le fruit de leur larcin, à condition bien sûr que la récompense soit à la hauteur de ce qu’ils estiment être la valeur du bien ! Ou comment une bande de singes chapardeurs jette les bases d’un système économique en estimant une valeur différenciée aux objets qu'ils volent.

Le fait que ces comportements soient observés chez des macaques n’est pas surprenant car chez ce genre de singes de l’ancien Monde (21 espèces appartenant à la famille des Cercopithecidés) qui vivent en bandes nombreuses, l’apprentissage et la culture sont des piliers de l’organisation complexe et fascinante de leurs sociétés, notamment perpétués par la transmission des comportements des mères aux petits. Macaques japonais qui passent les hivers rigoureux de leur habitat montagnard dans des sources d’eau chaude ou qui plus au sud de l’archipel ont appris à systématiquement nettoyer leur nourriture dans l’eau, capacité à utiliser des outils en pierre ou à se reconnaître dans un miroir (capacité que l'on pensait jusque là réservée aux seuls Grands Singes) chez des macaques crabiers, ou raids en bandes organisées pour voler de la nourriture dans les villes en Inde : les macaques sont des singes malins et chapardeurs aux comportements riches et fascinants qui rappellent furieusement les prémices d’organisations qui ont dû un jour permettre à certains Hominidés de s’extraire de leur condition ‘animale’…

Crédit article : © Julien PIERRE

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