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Hibernation, hivernation, migration, comment les animaux s’adaptent a l’hiver

30 Octobre 2018

(Photo : Ours brun © Julien PIERRE)

Pluie, gel, intempéries, baisse des températures et de la luminosité, journées qui raccourcissent, raréfaction des ressources alimentaires : l’automne est le début d’un nouveau cycle pour les animaux et les végétaux de toutes les zones tempérées, boréales et polaires de la planète, qui culminera avec l’hiver. A l’exception des zones tropicales au climat et à l’ensoleillement constants toute l’année, les autres régions du globe voient la nature se mettre à tourner au ralenti, comme si elle entrait progressivement en sommeil.

Comment le monde animal s’adapte-t-il à ces changements ?

LES DIFFERENTES STRATEGIES D’ADAPTATION A L’HIVER

Il existe différentes stratégies d’adaptation aux rigueurs saisonnières du climat, à commencer par la migration pratiquée notamment par des milliers d’oiseaux ainsi que d'autres espèces. L’hirondelle rustique quitte ainsi nos campagnes à l’automne pour parcourir 10.000 km et rallier l’Afrique où elle trouvera les insectes volants dont elle se nourrit. Tous les animaux n’étant pas des migrateurs, ceux qui restent doivent  s’adapter à la baisse des températures et la raréfaction des ressources alimentaires qui pèsent sur les organismes. Dans nos forêts, l’écureuil roux va par exemple se constituer une réserve de nourriture à l’automne et se mettre à l’abri dans un nid en forme de boule qu’il a bâti avec des branchages et des feuilles, dont il continue à sortir régulièrement, même en hiver. Chez d’autres animaux, c’est le poil qui s’adapte et la fourrure qui change et s’épaissit, comme pour le renard arctique qui effectue une mue spectaculaire en passant d’une fourrure estivale aux teintes marron à un pelage blanc très épais et isolant en hiver. Enfin, dernière stratégie pour affronter les rigueurs de l’hiver et qui nous intéresse ici particulièrement : le sommeil. Certaines espèces vont ainsi entrer dans une forme de léthargie et se mettre en sommeil pour une période donnée : on parle alors généralement d’hibernation.

L'HIVERNATION

Certains animaux comme le blaireau ou le raton laveur entrent en hivernation. A l’abri dans un terrier, une grotte ou une tanière, ces animaux entrent dans une forme de sommeil prolongé entrecoupé de nombreux réveils leur permettant notamment de réagir en cas de danger. Ils se maintiennent au chaud, ralentissent leur rythme cardiaque, baissent leur fréquence respiratoire et la température de leur corps baisse légèrement. Chez l’ours, c’est une période de 3 à 7 mois durant laquelle il cesse de s’alimenter pour vivre sur ses réserves de graisse. Il ne boit pas et ses urines sont recyclées par son organisme. Les femelles mettent à profit ce temps de repos pour donner naissance aux petits et les allaiter. Pour l’ours, le blaireau ou le raton laveur, il convient plus exactement de parler en  réalité de semi-hibernation.

LA DORMANCE

La dormance qualifie une période durant laquelle un organisme, dans son cycle de vie, se met en veille et cesse temporairement toute activité, baissant de façon drastique son activité métabolique qui va tourner au ralenti pour économiser son énergie. C’est notamment le cas des plantes et des  arbres, mais aussi des insectes ou de certains crustacés qui vont stopper leur développement pour une période plus ou moins longue. Cette mise en léthargie est appelée dormance primaire si elle intervient de manière programmée. On l'appelle diapause chez les insectes et répond chez eux à une programmation génétique.

L’HIBERNATION

L’hibernation est une stratégie de dormance conséquentielle : l’animal ou la plante détecte des conditions climatiques défavorables et se met en dormance en réaction à ces mauvaises conditions qu’il a perçues. Après s’être gavé d’un maximum de nourriture à la belle saison pour se constituer des stocks de graisse, il va entrer dans un sommeil profond pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines et son activité métabolique va se réduire de façon significative. Pour économiser son énergie, sa température corporelle baisse significativement pour tomber à 1 ou 2°C ! Le flux sanguin se limite à irriguer ses principaux organes vitaux. Le rythme cardiaque et respiratoire est extrêmement ralenti avec parfois des épisodes d’apnée prolongée d’une heure chez le hérisson par exemple ! Pendant cette période, l’organisme de l’animal puise dans les réserves de graisse et tourne au ralenti. C’est le cas des chauves-souris, des hérissons mais aussi des marmottes (pendant 5 à 6 mois) ou encore des loirs (presque 7 mois, un record) qui toutes sont des espèces d’animaux qui hibernent. L’hibernation n’est cependant pas un état passif et l’animal se réveille périodiquement pour manger et uriner.

LA BRUMATION

Les animaux à sang froid comme les reptiles ou les amphibiens n’ont pas la capacité de réguler leur température interne, contrairement aux mammifères qui ont le sang chaud. Complètement dépendantes des facteurs externes pour maintenir leur température corporelle, les espèces des zones les plus septentrionales n’ont d’autre choix que de subir ces phases de léthargie et s’adaptent en trouvant un abri pour y entrer en hibernation, plus spécifiquement appelée brumation pour les reptiles et les amphibiens. Fait extraordinaire, certaines grenouilles et salamandres peuvent même geler et voir leur cœur cesser de battre pendant plusieurs jours sans pour autant mourir !

L’ESTIVATION

De même que l’hibernation est un recours pour certains animaux en cas de baisse des températures, d’autres espèces peuvent aussi se mettre au contraire en sommeil pour affronter des périodes de sécheresse prolongée. On parle alors d’estivation. C’est le cas par exemple de certains crocodiles du fleuve Niger qui à la saison sèche se réfugient dans des grottes souterraines et entrent en léthargie. Un des cas les plus remarquables est celui du dipneuste africain, un poisson d’eau douce qui peut se mettre en sommeil à l'intérieur d'un cocon et survivre hors de l’eau pendant quatre années d’affilée sans boire ni manger en attendant la pluie ! Cette biostase du dipneuste africain fascine et constitue d'ailleurs un sujet d’étude très sérieux pour envisager les longs voyages dans l’espace.

L’ÊTRE HUMAIN HIBERNE-T-IL ?

On a donc vu dans cet article les différents niveaux d’hibernation chez nos amis les bêtes, mais qu’en est-il de l’être humain ? Et si nous-mêmes étions une espèce hibernante ?  Stéphane LEVIN est un explorateur-scientifique qui a fait l’expérience de partir vivre un hivernage (= période d’activité ralentie durant la saison hivernale) dans le Nord arctique canadien d’Octobre 2002 à Avril 2003 et en a tiré un ouvrage, ‘Seul dans la nuit polaire’. A son retour, il a fourni des données scientifiques au CHU de Toulouse qui en a conclu que oui, il semblerait qu’un processus d’hibernation soit toujours à l’œuvre chez l’Homme !

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L'HIBERNATION CHEZ LES TORTUES

(photo : Cistude d'Europe - onkelramirez - Pixabay - CC0)

Parmi les premiers reptiles à faire leur apparition sur Terre il y a 200 millions d'années, les tortues font partie de l'ordre des chéloniens. Elles n'ont que peu changé depuis cette époque et constituent le plus ancien groupe de reptiles vivants. Comme les autres reptiles, ce sont des animaux à sang froid qui doivent constamment veiller au maintien de leur température corporelle et dépendent donc en grande partie des conditions extérieures. Si on met de côté les tortues marines (qui évitent logiquement les eaux trop froides), les tortues terrestres et les tortues aquatiques d'eau douce qui vivent dans les zones tempérées vont entrer en hibernation pendant plusieurs mois quand les températures sont trop basses. Les tortues terrestres creusent alors un terrier pour s'y abriter et entrent dans un long sommeil alors que leurs fonctions corporelles ralentissent. C'est le cas par exemple de la tortue d'Hermann (l'unique espèce de tortue terrestre sauvage de France). Pour les espèces aquatiques, elle se cachent sous un matelas de feuilles et/ou de boue pour éviter le gel, à l'instar de tortues aquatiques comme la cistude d'Europe, la tortue alligator ou la tortue happante.

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