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Le Professeur Laurent, mascotte de Anigaïdo

Comment classe-t-on les animaux et les especes ?

7 Mars 2019

Avec un petit million d’espèces identifiées à ce jour et un nombre bien plus important encore à découvrir - au rythme de 16.000 espèces découvertes par an et pour un total estimé de 7,77 millions d’espèces sur notre planète - le règne animal présente une formidable diversité. Il compte  parmi les plus riches des différents règnes présents sur la planète, les autres règnes étant les champignons, les plantes, les bactéries et les archéobactéries (voire les protozoaires et les chromistes, la création de règnes spécifiques pour ces deux dernières catégories étant actuellement encore en débat).

Les sciences se sont penchées sur la question de ces multiples variations et déclinaisons du règne animal sur la planète, développant idées, observations, méthodes et techniques pour bâtir des classifications, un cheminement dont nous vous proposons de retracer les grandes étapes.

Pour le fun et tester vos connaissances, vous pouvez jouer aussi à notre quiz Anigaïdo familles et classification des animaux :)

LES PINSONS DE DARWIN

(Vidéo : 'Tu mourras moins bête' - Arte)

Même si Lucrèce s’interrogeait déjà sur l’origine des espèces durant l’Antiquité, il a fallu attendre le  XIXème siècle pour voir s’affirmer le concept d’évolution, c’est à dire l’idée que le vivant lui-même se transforme au cours du temps. Le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck (1744 – 1829) a le premier jeté les bases de cette réflexion transformiste, en posant deux grands principes : la complexification des organismes et leur diversification adaptative.

Lui a succédé le célèbre biologiste et géologue anglais Charles Darwin (1809 – 1882) qui, avec la publication en 1859 de son ouvrage ‘De l’origine des espèces’, a définitivement fait entrer la théorie de l’évolution comme un modèle scientifique universellement reconnu : les espèces vivantes ne sont pas des catégories fixes mais elles se diversifient avec le temps. Lors d’un voyage aux Galápagos situées dans l’Océan Pacifique au large de l’Equateur, il recueille des spécimens de pinsons sur chacune des îles de cet archipel volcanique. Si tous ont globalement la même taille et les mêmes couleurs, il constate cependant des variations des tailles et des formes des becs entre individus d’îles différentes. Un même oiseau se déclinant en autant de versions que d’îles dans l’archipel, comment expliquer cela ? C’est que le pinson originel a peuplé l’archipel et s’est progressivement adapté aux contraintes propres à chacune des îles (sources de nourriture, climat, végétation, prédateurs, etc…) jusqu’à se décliner en autant d’espèces distinctes.

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THEORIE DE L'EVOLUTION ET ELEPHANTS SANS DEFENSES

(Photo : Eléphant d'Afrique - Florent PUCHOT - En Afrique, de plus en plus d'éléphants naissent avec des défenses atrophiées voire sans défenses)

De l’étude de ces dissemblances naîtra le concept de la sélection naturelle : au contact de leur milieu naturel et ses contraintes, les individus d’une espèce les plus aptes à survivre renforcent génération après génération les caractéristiques leur assurant les meilleures chances de survie dans un écosystème donné.

La découverte de la génétique à partir de 1930 marque l’avènement de la théorie synthétique de l’évolution encore valide aujourd’hui et qui succède à la vision darwinienne en l’enrichissant de la notion d’hérédité, c’est à dire la transmission par les gènes des caractéristiques d’une génération d’individus à la suivante au sein d’une même espèce.

On peut ici ouvrir une parenthèse illustrative en citant ce phénomène étonnant observé par des chercheurs au Mozambique où de plus en plus d’éléphants naissent sans défenses (en réaction au braconnage humain ?).

LA CLASSIFICATION DES ESPECES

(Vidéo : Vidéo sur l'ornithorynque, un animal extraordinaire qui défie la classification - France 5 / Le Zapping Sauvage)

Si la théorie synthétique de l’évolution permet d’appréhender la formidable diversité des espèces animales, comment classer celles-ci ?

L’idée de créer une méthode pour classer les espèces s’est développée au XVIIIème siècle sous l’impulsion du naturaliste suédois Carl von Linné (1707 – 1778).

Il a créé un système universel consistant à nommer chaque organisme par un nom latin en deux parties : la première partie en référant au genre de l’animal et la seconde à son espèce. Le latin fût un choix juridiceux car en tant que langue officielle des sciences, cette nomenclature dépassait ainsi la barrière des langues ; la preuve en est : cette nomenclature est encore en vigueur aujourd’hui !

A la base de la classification on va placer l’espèce, qui est l’unité de base et définit un regroupement d’individus ou de populations capables de se reproduire entre eux et dont la descendance est fertile. Les biologistes regroupent ensuite les espèces en genres, eux-mêmes regroupés en familles, ordres, classes, embranchements (phylum), etc… et ce jusqu’au règne, au sommet de la hiérarchie, avec à chaque fois pour chacun de ces groupes un ancêtre commun.

Pour procéder de façon schématique à la classification, on regarde si un animal a telle ou telle caractéristique qui constituera un ‘passe d’entrée’ au groupe, tous les animaux du groupe ayant en commun ladite caractéristique. Prenons par exemple le ‘clade’ (voir ci-dessous) des mammifères placentaires : les espèces de cette division regroupant la majorité des mammifères ont en commun de donner naissance à des petits qui viennent au monde au stade de juvéniles, alors que le groupe des marsupiaux (kangourous, koalas, etc…), qui sont également des mammifères, s’en différencient parce qu’ils donnent naissance non pas à des juvéniles mais à des larves. On pourra également citer les mammifères monotrèmes, troisième division regroupant des mammifères qui comme les placentaires et les marsupiaux allaitent leurs petits mais qui eux pondent… des oeufs (étranges ornithorynque et échidnés) !

En croisant les études anatomiques, l’analyse génétique et la cladistique (qui consiste à reconstituer des relations de parenté entre les organismes sur la base de leurs caractères communs), on parvient à une classification du vivant en général.

La classification n’est pas figée car chaque jour de nouveaux indices et de nouvelles découvertes viennent remettre en question des groupes connus et établis. Pour preuve, citons pour clore cet article les damans, de petits mammifères vivant en colonies de plusieurs dizaines d’individus dans certaines zones montagneuses du Sud de l’Afrique et zones côtières du Moyen Orient. Ressemblant à des marmottes, ils furent d’abord rapprochés des rongeurs avant d’être dans un second temps rattachés aux périssodactyles (mammifères dotés d’un nombre impair de doigts aux membres postérieurs) pour finalement être classés depuis les années 1990 dans le super-ordre des afrothériens aux côtés du lamantin et de… l’éléphant !

Crédit article : Maxence DUCROS et Julien PIERRE

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