Especes menacees : du mieux pour l'oryx algazelle, la saiga et le rhinoceros de sumatra mais...

18 Décembre 2023

A l’occasion de la Cop 28 en Décembre 2023, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a publié sa mise à jour de la Liste Rouge des Espèces Menacées. Cet inventaire permet de dresser un état des lieux de la situation des espèces animales et végétales sur notre planète, des menaces qui pèsent sur elles et des actions entreprises pour endiguer leur déclin et restaurer les écosystèmes.

Si le changement climatique demeure une menace existentielle pour le vivant et pèse sur les perspectives de conservation des animaux et des plantes, le communiqué de presse de l’UICN pour la COP insiste aussi sur les bons résultats en matière de conservation obtenus grâce à la coordination des actions de conservation locales, nationales et internationales comme l’illustre l’exemple de l’oryx algazelle qui retrouve la vie sauvage.

La situation se dégrade pour les poissons d'eau douce, le saumon Atlantique, la tortue verte et la grande outarde

Plusieurs espèces animales voient leur situation se dégrader dont de nombreux oiseaux, à l’instar de la grande outarde (Otis tarda) aussi appelée outarde barbue, qui voit son statut dégradé d’espèce ‘Vulnérable’ à ‘En danger’ en Eurasie, ou l’océanite de Nouvelle-Calédonie (Fregetta lineata), récemment identifiée et semble-t-il déjà menacée – même si les données manquent encore à son sujet.  

Parmi les espèces animales en danger, un grand nombre sont aquatiques. L’UICN a mené pour la première fois un recensement global d’un état des espèces de poissons d’eau douce et le constat est amer avec un quart des 15.000 espèces de poissons d’eau douce recensées par l’UICN menacé d’extinction.

Comme le fait remarquer l’organisation, ces espèces représentent plus de la moitié des espèces connues de poissons alors que les écosystèmes d’eau douce ne représentent que 1% des habitats aquatiques de la planète. Totalement intégrées aux écosystèmes, elles sont vitales à leur résilience et la survie de nombreuses populations humaines dépend d’elles.

Le saumon Atlantique est menacé d’extinction

Un exemple emblématique de cette situation inquiétante est celui du saumon Atlantique (Salmo salar) qui passe du statut Préoccupation Mineure à Quasi menacé avec selon l’UICN un déclin de sa population mondiale de 23% entre 2006 et 2020. Autrefois présent dans nombre de rivières d’Europe du Nord et d’Amérique du Nord, sa présence se limite maintenant à quelques petites portions de ces mêmes rivières.

En cause, l’artificialisation des rivières (et les ouvrages de type barrages qui bloquent les migrations), leur sédimentation à cause de l’agriculture, la pollution des eaux, le parasitisme du pou du saumon issu des élevages ou encore la concurrence d’espèces invasives comme celle du saumon du Pacifique qui se répand en Europe du Nord.

La situation inquiétante de la tortue verte dans le Pacifique

Comme pour d'autres espèces, l’UICN distingue chez la tortue verte (Chelonia mydas) l'état de ses populations par zones géographiques. Si globalement ce paisible reptile marin souffre déjà de nombreuses menaces, l’UICN souligne la dégradation notable de la situation des populations de l’est du Pacifique (qui passent au statut ‘Vulnérable’) et celle des populations de la zone centrale du Pacifique sud (qui passent au statut ‘En danger’).

Parmi les causes principales à ce déclin, l’augmentation des températures qui menace l’éclosion des œufs et l’augmentation du niveau des mers qui fait disparaître les plages où viennent pondre les tortues et submergent leurs nids.

De l’espoir pour l’oryx algazelle, l’antilope saïga, le rhinocéros de Sumatra et plusieurs espèces d’oiseaux  

Si la situation est préoccupante pour nombre d’espèces animales et végétales (comme l’acajou du Brésil Swietenia macrophylla considéré comme en ‘En danger’ car surexploité car entrant dans la composition de nombreux meubles haut de gamme), il y a aussi des résultats positifs aux actions de conservation menées, soulignant la capacité de résilience du vivant avec des programmes de protection s’appuyant sur les communautés locales.

Une situation qui s’améliore pour trois espèces d’oiseaux asiatiques et une rousserolle endémique de Hawaï

Plusieurs espèces d’oiseaux voient ainsi leur situation s’améliorer, à l’image du tantale indien Mycteria leucocephala (passe en ‘Préoccupation mineure’), du marabout du Bengale (dit également marabout argala) Leptoptilos dubius et du marabout chevelu Leptoptilos javanicus (qui passent à ‘Quasi menacé’) ou de la rousserolle obscure Acrocephalus familiaris endémique de Hawaï (passe à ‘En danger’).

Notons que la situation s’améliore pour deux espèces d’antilopes iconiques : l’oryx algazelle et l’antilope saïga.

L’oryx algazelle retrouve la vie sauvage au Tchad

L’oryx algazelle (Oryx dammah) (en photo) - aussi appelé oryx de Lybie, oryx à cou roux ou encore oryx blanc - a vu son statut passer de ‘Eteint dans la nature’ à ‘En danger’, un résultat positif qui vient récompenser un projet international de conservation au long cours.

Au Tchad, la réserve de faune de Ouadi Rimé-Ouadi Achim compterait aujourd’hui quelque 140 adultes de cette magnifique antilope, une population sauvage renforcée par de nombreuses naissances qui laissent augurer d’un avenir meilleur pour cette espèce autrefois chassée dans la nature jusqu’à extinction.

L’antilope saïga de nouveau en nombre au Kazakhstan

La saïga (Siga tatarica), cette antilope au museau-trompe étrange et déjà contemporaine de nos ancêtre au Paléolithique, vit aujourd'hui essentiellement au Kazakhstan. Ses populations sauvages, soumises à des épisodes réguliers de mortalité de masse en raison d’épidémies favorisées par le réchauffement climatique, connaissent actuellement une embellie avec quelque 1,3 millions d’individus en Mai 2022. Cette amélioration est le fruit de programmes d’éducation des populations locales couplés à des actions fortes de lutte contre le braconnage et le trafic international illégal dont la saïga est la victime (pour sa peau et ses cornes notamment).   

Plusieurs naissances de rhinocéros de Sumatra, un des animaux les plus menacés et les plus rares au monde

Enfin même si on sort du périmètre de l’UICN une excellente nouvelle sur le front de la conservation des espèces menacées est également venue d’Indonésie avec la naissance d’un rhinocéros de Sumatra enregistrée en Décembre 2023 !

Le rhinocéros de Sumatra est un petit rhinocéros poilu de la taille d’un grand poney. Rarissime et extrêmemnt menacé, on parle de moins d’une centaine d’individus survivant sur la planète et d’immenses difficultés à faire se reproduire les individus dans les réserves où il est conservé pour tenter de le sauver.  

C’est donc une heureuse nouvelle de savoir qu’un petit Harapan de 25 kg a vu le jour en Décembre dans le Parc National de Way Kambas à Sumatra et qu’il s’agit de la cinquième naissance intervenant dans le cadre de ce programme de conservation.

Comprendre les enjeux et la difficulté de la sauvegarde des espèces menacées

Pour mieux comprendre le sujet de la conservation des espèces menacées, lisez aussi notre dossier complet dans lequel on vous explique ce qu'est l'UICN, comment fonctionne la sauvegarde des espèces menacées et où on vous présente quelques exemples d'espèces animales sauvées de l'extinction.