Guide pour sorties très bêtesEspace membre
 - Image 2

Le metier de veterinaire : origines, cursus, debouches et interview

19 Novembre 2021

(Photo : Pixabay)

Profession noble dont l’objectif premier est d’apporter des soins aux animaux, le métier de vétérinaire a évolué d’une médecine qui visait à soigner le bétail et les animaux domestiques destinés aux travaux agricoles, au transport et à la guerre, à une médecine ouverte à tous les animaux vivant au contact de l’homme à commencer par les quelque 80 Millions d’animaux de compagnie recensés en France.

C’est que pour soigner la première population européenne de chats (14.9 Millions) et de chiens (7.63 Millions), heureusement que nous pouvons compter sur les bras, les connaissances scientifiques et la passion de ces médecins qui font partie du quotidien d’un foyer français sur deux par les soins et le suivi qu’ils apportent à nos Rex, Rox, Rouky, Kiki, Moumounes, Rio, Ruby, Simba, Bubul et compagnie.

Pour mieux connaître la réalité de ce métier passion que certains de nos jeunes lecteurs envisagent peut-être, Anigaïdo vous propose ce nouvel article consacré au métier de vétérinaire.

Après avoir évoqué les origines de la création du métier de vétérinaire puis le cursus d’études pour devenir vétérinaire et ses débouchés, nous laisserons la parole à Jean-Philippe TAUPIN, vétérinaire expérimenté exerçant à la clinique vétérinaire du Pont Gabriel à Blois (41) qui nous délivrera sa vision et ses précieux conseils sur ce métier passion.

 - Image 2

AUX ORIGINES DU METIER DE VETERINAIRE ET DE LA MEDECINE AUX ANIMAUX

(Image : Extraits d'une formidable série de cartes postales d'époque consacrées à l'école vétérinaire d'Alfort - Wikimedia Commons - CC0 )

C’est en 1761 à Lyon puis en 1765 à Alfort que sont créées consécutivement les deux premières écoles vétérinaires du monde à l’initiative du précurseur Claude BOURGELAT dont les recherches et les connaissances en hippiatrie (= la médecine des chevaux) posent les fondements des sciences vétérinaires. D’abord destinées au soin du bétail et des bêtes de somme (= 'veterinum' en latin), elles trouvent leur fondement dans la nécessité de préserver le capital que ces animaux représentent et de se prémunir des épidémies pouvant décimer des groupes ou troupeaux entiers (= epizooties) et des maux et maladies qu’ils seraient susceptibles de transmettre aux humains (= zoonoses). La pratique s’ouvrira au fil du temps aux animaux de compagnie de toute sorte, s’enrichissant des notions de bien-être et de sensibilité animale qui interrogeaient déjà les philosophes de l’Antiquité.

Si l’étude de l’anatomie et de la physiologie des animaux nourrit les fondements de la médecine de l’homme depuis Hippocrate il y a quelque 25 siècles, c’est durant le siècle des Lumières qu’elle trouve donc pour finalité le soin aux principaux concernés, même si évidemment l’être humain n’a pas attendu 1761 pour prodiguer des soins aux animaux qui partageaient son quotidien.

* Pour en savoir plus, voir l’article passionnant de Gilles BARROUX sur La santé des animaux et l'émergence d'une médecine vétérinaire au 18ème siècle.

 - Image 2

QUELLES SONT LES ETUDES POUR DEVENIR VETERINAIRE ?

(Photo : Pixabay)

En France, la profession de vétérinaire est sanctionnée du Diplôme d’Etat de Docteur Vétérinaire après un minimum de 6 années d’études post-bac. Il existe quatre écoles vétérinaires en France : les écoles nationales historiques de Lyon (VetAgro Sup) et d’Alfort (EnvA), l’école nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et l’école nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation à Nantes (Oniris Nantes).

L’accès à ces écoles se fait sur concours après une à deux années de classe préparatoire (Maths sup bio, BTS, BTSA, BUT) ou en parallèle d’une licence à dominante biologie (via une prépa concours B ENV).

Une fois l’école intégrée, les étudiants suivent quatre années de tronc commun avec beaucoup de pratique en clinique vétérinaire sur la seconde moitié du cursus. La cinquième année est celle de la spécialisation où les étudiants choisissent alors une option dans la filière clinique (animaux de compagnie, animaux de production ou filière équine) ou s’orientent vers les autres filières que sont la recherche, l’industrie ou encore la santé publique vétérinaire (rattachée au ministère chargé de l'agriculture).

 - Image 2

QUELS DEBOUCHES PROFESSIONNELS POUR UN VETERINAIRE ?

(Photo : Pixabay)

Dans les nombreux domaines qui de près ou de loin touchent au monde animal, les connaissances des vétérinaires sont sollicitées et bienvenues. Ainsi au-delà de la profession bien connue de vétérinaire pour animaux de compagnie, le diplôme ouvre aussi la voie à nombre d’autres débouchés.

En zone rurale, le vétérinaire spécialisé dans les animaux de production intervient auprès des animaux d’élevage et des fermes pour l’hygiène et la bonne santé des cheptels. Avec une spécialité équine, le vétérinaire conseille les propriétaires de chevaux, les haras et les intervenants du milieu équestre pour le suivi et le soin aux chevaux.

Dans les parcs animaliers et les parcs zoologiques, les vétérinaires ont également un rôle important de soin et de suivi des pensionnaires où leur spécialisation dans le soin aux animaux de la faune sauvage et leurs connaissances en éthologie (= étude des comportements des animaux) visent à la bonne santé des animaux avec parfois des interventions spéciales à l’image de l’implantation en Novembre 2021 d’un capteur de glycémie dans l’arrière bras de Yala, une femelle de gibbon concolore quarantenaire au Zoo de la Flèche qui souffre de diabète !

Un vétérinaire peut également travailler dans l’industrie : dans l’agroalimentaire, le vétérinaire participe à l’élaboration d’aliments pour la consommation humaine ou animale ; dans l’industrie pharmaceutique, il participe à la fabrication voire à la commercialisation de médicaments.

Enfin l’Etat français lui-même emploie des vétérinaires pour des missions allant du soin aux animaux des armées (chiens et chevaux en premier lieu) à la recherche (Inserm, CNRS, IFREMER) en passant par l’éducation et les missions de contrôle des inspecteurs en santé publique rattachés aux directions régionales ou départementales.

 - Image 2

INTERVIEW DE JEAN-PHILIPPE TAUPIN, DOCTEUR VETERINAIRE

(Photo : Jean-Philippe TAUPIN, Docteur Vétérinaire)

Pour mieux connaître la réalité du métier de vétérinaire pour animaux de compagnie, nous avons sollicité Jean-Philippe TAUPIN, Docteur Vétérinaire expérimenté qui exerce à Blois (41) à la Clinique du Pont-Gabriel et qui a accepté de répondre à nos questions.

Interview :

Bonjour Jean-Philippe et merci de répondre à nos questions. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Jean-Philippe TAUPIN : Je m’appelle Jean-Philippe Taupin, je suis diplômé de l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon en 1991 (eh oui 30 ans cette année !). Je suis installé à Blois depuis 1997. Actuellement nous sommes 4 vétérinaires dans la clinique et à l’instar de la population étudiante vétérinaire je suis le seul homme. Je pratique en médecine dite « canine », il s’agit de soigner les animaux familiers, à l’exclusion des animaux de ferme et des chevaux.

Quel est le parcours d’étude que l’on doit suivre pour devenir vétérinaire ? Quelles sont les différentes spécialisations possibles pour soigner par exemple les espèces exotiques, les chevaux ou encore les animaux de parcs zoologiques ou d’aquariums ?

Jean-Philippe TAUPIN : Pour être vétérinaire en France, il faut passer par un concours, avec plusieurs voies (BCPST, Université, classe préparatoire intégrée depuis cette année). Après un cursus de 5 années en école, on peut se spécialiser dans différents domaines comme la chirurgie, la médecine interne, l’ophtalmologie, la neurologie, l’imagerie médicale, mais pour cela il faut faire entre 2 et 3 années d’études supplémentaires.

La spécialisation sur les espèces exotiques se fait après la sortie de l’école, sur le tas ou alors aux Etats-Unis où il existe un diplôme de spécialiste en médecine et chirurgie des animaux exotiques. Pour les animaux de ferme et les chevaux, il s’agit de la cinquième année où l’on choisit pratique canine, duale ou équine. Les vétérinaires de zoo passent maintenant par un « internat » directement auprès de vétérinaires exerçant en zoo (ou la spécialisation américaine), l’aquarium étant alors une simple partie de la médecine zoologique.

 - Image 2

LA PRISE EN COMPTE DE LA DOULEUR ANIMALE

(Photo : Nala, femelle de race griffon fauve de Bretagne, une patiente reconnaissante du Docteur Taupin qui l'a sauvée d'une vilaine morsure de vipère aspic © Julien PIERRE)

Quelles sont les points communs (mais aussi les différences) entre la médecine appliquée aux animaux et celle appliquée aux humains ?

Jean-Philippe TAUPIN : Nous avons plein de points communs avec la médecine humaine, cependant le niveau de spécialisation et les moyens mis en oeuvre (pour la médecine humaine) sont parfois bien au-delà des possibilités pour la médecine vétérinaire, notamment pour l’imagerie médicale , l’utilisation d’une IRM étant par exemple plutôt rare chez nous. De même, dans le traitement des cancers nous sommes très loin des possibilités thérapeutiques de la médecine humaine.

Avec la prise de conscience sociétale et les évolutions de la législation contre la maltraitance animale ou encore les progrès en matière de traitements et d'équipements, constatez-vous une évolution des pratiques et du métier ?

Jean-Philippe TAUPIN : Oui évidemment, la prise en compte de la douleur animale est de plus en plus importante dans notre pratique. A la clinique nous avons signé la charte « Cap Douleur » et nous suivons fréquemment des nouvelles formations en ce sens. Notre métier évolue à grande vitesse, mais c’est un challenge excitant de suivre les évolutions techniques et de se remettre en cause en permanence afin à la fois pour nous de progresser et surtout d’essayer d’apporter à nos patients et nos clients le meilleur de la technique et de nous-mêmes.

 - Image 2

CONSEILS ET QUALITES ATTENDUES POUR DEVENIR VETERINAIRE

(Image :  waldryano sur PIxabay - CC0)

Quelles sont selon vous les qualités essentielles pour devenir vétérinaire ?

Jean-Philippe TAUPIN : Les plus grandes qualités pour être vétérinaire pour moi c’est l’empathie avec les patients et les clients, avec cependant une capacité à se protéger car nous ne pouvons évidemment pas avoir le même relationnel que peuvent avoir les propriétaires avec leur animal. Il faut savoir écouter les gens, ils nous apportent une foule de renseignements, il faut savoir aussi accepter leur décision même si elles ne sont pas celles que nous aurions retenues. La seule limite est la souffrance animale.

Dans votre parcours, y a-t-il une intervention qui vous a particulièrement marqué et pourquoi ?

Jean-Philippe TAUPIN : J’avoue que chaque intervention sur des yeux sont source pour moi à la fois de stress mais surtout de plaisir quand tout se passe bien. Sinon les césariennes sont un moment merveilleux d’être là lors de la naissance de chiots ou de chatons.

Pour finir, quels seraient vos conseils au jeune public qui nous lit et envisage une carrière de vétérinaire ?

Jean-Philippe TAUPIN : Pour les jeunes qui veulent faire ce métier, il faut s’accrocher à ses rêves, il faut tenter même si cela échoue parfois, il ne faut surtout pas avoir de regrets. Ce métier est passionnant, à multiples facettes (nous pourrons en reparler), c’est un vrai métier technique mais aussi humain, d’où les qualités indispensables pour le pratiquer.

Crédit article : © Julien PIERRE et Jean-Philippe TAUPIN

Commentaires sur cet article

Poster un commentaire

Ces articles peuvent vous intéresser

Top